Crédit d'achat de la Campagne Masset par la Ville de Genève : OUI, sans chipotage, ni bidouillage

Dans deux semaines, le 30 novembre, on saura si la Ville de Genève aura reçu de son corps électoral l'autorisation d'acquérir la campagne Masset. Et on dit bien "l'autorisation", pas l'obligation... Et cette autorisation ne porte que sur l'achat de la Campagne Masset, pas ses aménagements : ils devront être proposés, débattus, le cas échéant soumis au peuple.   La Campagne Masset, c'est une maison de maître dans un espace de verdure de trois hectares et demi, dans un quartier qui manque de tels espaces. Et seule l'acceptation de l'achat peut permettre de renégocier éventuellement le prix, d'ouvrir le parc, de décider collectivement des usages de la maison -et les usages possibles sont nombreux :  location à une fondation, activités publiques, musée, crèche en nature, lieux associatifs, résidences d'artistes, lieu de réceptions etc.).Et surtout, seul un OUI le 30 novembre permettra à la Ville d'être maîtresse d'un espace  public, et de le remettre à la population. Refuser cet achat, c'est se préparer à la vente à des privés, à la fermeture au public, à l'accaparement de l'espace par des nababs ou à la fermeture pure et simple de la maison et du parc. Il serait là, le gaspillage, pas dans le prix de l'achat. On dira OUI, sans hésitation, sans crainte, sans chipotage. 

Des raisonnement de comptables bornés contre un projet d'utilité publique

Dans la campagne des opposants à l'acquisition par la Ville de la campagne Masset, soumise au vote municipal à Genève dans deux semaines, la bêtise ne le dispute à la mauvaise foi qu'une fois l'une et l'autre arbitrées par les "vérités alternatives" et les "fake news", doux euphémises pour évoquer des mensonges. Ou, dans le meilleur des cas, une absolue vacuité politique. On résume :
Alors qu'il est proposé un crédit de 22 millions de francs pour l'achat de la Campagne Masset, les opposants à cet achat brandissent des chiffres qui vont jusqu'au double en additionnant au prix d'achat des coûts d'entretien fantasmatiques, jusqu'à quinze fois supérieurs à ceux auxquels on peut s'attendre (autour de 15'000 francs l'an). Les frais d'entretien de la maison et du parc n'auront rien de somptuaire : ils ont été parfaitement entretenus jusqu'à aujourd'hui, le bâti de la maison est solide et ne nécessite aucune rénovation régulière. Et comme le bâtiment est classé, il ne sera de toute façon pas possible de se lancer dans des transformations dispendieuses. Enfin, l'achat de la Campagne Masset est un investissement, qui sera largement amorti sur tout le temps d'usage du parc par la population, et de la maison par la Ville. 

Les opposants affirment que la propriété étant classée, elle serait "inutilisable" et qu'"une demeure patricienne du XVIIIe siècle (...) ne se prête pas à un usage moderne" ? C'est une ânerie : les villas La Grange, Bartholoni, Dutoit, Bernasconi, sans parler du Palais Eynard, sont aussi classées, ce qui n'empêche pas d'être utilisées à ce pour quoi elles sont fonctionnelles. Et cela vaut pour les parcs : ceux des Bastions et de La Grange bénéficient des mêmes protections que le domaine Masset, ce qui ne les empêche pas d'être aménagés et largement utilisés par la population.
L'ensemble de la parcelle fait presque 35'000m2 (trois hectares et demi) de surface ? Les opposants prétendent que seul un cinquième de cette surface sera utilisable ? Rien ne corrobore ce chiffre, tout aussi fantaisiste que celui avancé pour l'entretien de la maison et du parc. Le domaine est un tout : ses arbres, sa vigne en font partie intégrante.
Autre affirmation absurde des opposants : le terrain serait "trop en pente" pour pouvoir être ouvert au public. C'est idiot : les parcs des Eaux-Vives et La Grange, le domaine de Penthes, le Bois de la Bâtie sont eux aussi en pente -et qu'on le sache, cela n'empêche pas qu'on y installe des jeux d'enfants et des bancs, qu'on y trace des chemins, qu'on les ouvre à des usages publics... Et sa pente vers le Rhône est d'ailleurs l'un des charmes de la campagne Masset.
On vous passe l'affirmation que la vigne du domaine serait "polluée", que la piscine serait "luxueuse" et "inutile" (alors qu'on peut parfaitement, et simplement, la transformer en bassin de jeux), que le parc n'aurait "qu'un seul accès" (alors qu'il en a trois, et qu'on peut en ouvrir d'autres), pour en arriver à cette autre ânerie, qui couronne le florilège aliboronesque de la campagne des référendaires : la campagne Masset serait «Un lieu isolé, loin du peuple»... foutaise : elle est au cœur d’un quartier dense et populaire, où le manque d’espaces verts est patent, et qui est en pleine densification (dans deux ans, sa population atteindre le triple de ce qu'elle était il y a douze ans) sans qu'aucun espace public supplémentaire n’y soit prévu -sauf la campagne Masset, si on arrive à la soustraire la rapacité des privés. 

Ouvrir au public un ancien domaine patricien ne serait pas à Genève une nouveauté, ni une originalité -cela procède plutôt d'une tradition : les parcs de l'Ariana, de La Grange, Bertrand, des Eaux-Vives, Trembley, de la Perle du Lac, Moynier, en témoignent. La Campagne Masset ne déparerait pas dans cette liste, d'autant que cela répondrait à un besoin exprimé depuis longtemps par les habitants et les associations du quartier (et des quartiers voisins), et à une utilité pour une population bien plus large, celle qui aime à se promener le long du Rhône, mais aussi pour les enfants des crèches voisines et des élèves du Cycle de Cayla. Cela, sans doute, n'a aucune importance pour des opposants qui n'ont que des raisonnement de comptables bornés à opposer à un projet d'utilité publique. Et encore ces comptables ont-ils avec la vérité un rapport assez distant : ainsi peut-on , dans la brochure officielle de votation, les lire dénoncer, dans l'achat de la Campagne Masset, un "achat insensé dans un contexte de déficit", alors que cet achat est un investissement qui n'a aucun impact sur le budget de fonctionnement et son déficit : ce n'est pas parce qu'on s'achète un livre qu'on doit se priver d'un pain...

Mais sans doute préfèrent-ils voir ce bel espace être capté, cette belle maison, cette belle campagne être raflées par un nabab pétrolier ou un oligarque russe qu'ouverte à la population...








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