Droits des locataires : Le droit de connaître ses droits
"le pouvoir des gérances immobilières est disproportionné, aujourd'hui, au regard des moyens de recours des locataire"
Les loyers n'ont cessé d'augmenter en Suisse
depuis 2021 sur le "marché libre", du fait de la pénurie de
logements, de la croissance démographique, du vieillissement de
la population. Depuis 2005, ils ont augmenté de 25 % alors
qu'ils auraient dû baisser avec le taux de référence. En moins
de vingt ans, 78 milliards de francs (six milliards rien qu'en
2023...) sont passés ("illégitimement", précise l'Asloca) des
poches de locataires (qui ont tous les mois payé en moyenne 360
francs de loyer en trop) aux comptes des bailleurs. En cinq ans,
les loyers pour les logements offerts sur le marché ont augmenté
de 10,7 % au plan national, de 12,8 % à Genève. En 2024, ils ont
encore augmenté de 1,4 % à Genève -une hausse rendue mesurée
grâce à de grands projets de construction qui ont fait passer le
taux de logements vacants de 0,38 % en 2022 à 0,46 % en 2024,
toujours largement en dessous du taux minimal de 0,75 %
nécessaire pour détendre un peu le marché... La société de
conseil en immobilier Wuest Partner attend tout de même encore
une hausse des loyers de 1,9 % au plan national, de 1,7 % dans
l'arc lémanique. Il restera donc toujours très difficile, si on
pense déménager, de trouver un nouveau logement au loyer de
l'ancien -d'où une tendance marquée à rester dans des logements
trop grands pour ne pas avoir à payer des loyers plus élevés,
même pour des logements plus petits. En dix ans, les locataires genevois ont payé au
moins 150 millions de loyer en plus chaque année.
La hausse des loyers est alimentée par leur augmentation à la conclusion de nouveaux baux. Une enquête de la RTS aboutit à la conclusion que 40 % des 20'000 logements analysés ayant changé d'occupant depuis 2015 ont vu leurs loyers augmenter d'un moins 20 %, et dans un cas sur cinq, de plus de 50 % (la hausse moyenne étant de 18,5 %) L'association des locataires des immeubles du 24 avenue des Eaux-Vives a analysé l'évolution depuis les années '60 des loyers des 278 appartements (majoritairement des 4 pièces, cuisine comprise) de l'immeuble et de ceux du 26 avenue des Eaux-Vives et des 10 et 10bis chemin Frank-Thomas -des immeubles qui ont toujours appartenu au même propriétaire (Swiss Life). Le propriétaire a perçu 168 millions de francs de loyers depuis la fin des années '60, et 16 millions pour les parkings. Depuis 1970, chaque appartement a rapporté des loyers qui ont plus que triplé (de 1,5 à 5 millions), le loyer annuel moyen d'un trois pièces a augmenté de 50 % entre 2002 et 2022, les nouveaux baux signés au cours des dix dernières années prévoient des hausses de 100 %, et jusqu'à 123 %, par rapport aux anciens baux, et imposent aux locataires des frais que les anciens locataires n'avaient pas à payer (entretien des ascenseurs, conciergerie, locaux communs).
Tout cela, qui pèse très lourd sur
le budget des ménages, c'est la "loi de l'offre et de la
demande", balaie d'un revers de bail la régisseuse (et députée
PLR) Diane Barbier Mueller. Elle a bon dos, la "loi" de
l'offre et de la demande, quand ceux qui maîtrisent l'offre de
logements en loyers libres disposent d'un pouvoir exorbitant
du pouvoir congru de ceux qui font la demande. Hier soir, à la télé romande, un locataire genevois
soupirait, dans "A Bon Entendeur" : "le pouvoir des gérances
immobilières est disproportionné, aujourd'hui, au regard des
moyens de recours des locataires. Et sachant que se loger est un
besoin essentiel, le fait de s'aliéner une gérance immobilière
peut avoir des répercussions assez coûteuses".
C'est à cela que, modestement, au niveau municipal d'une ville où les loyers sont parmi les plus élevés de Suisse, que veut répondre le projet soumis par Joëlle Bertossa et les socialistes au parlement de la Ville de Genève. A cela : même pas à donner aux locataires des droits nouveaux, mais à leur assurer le droit, qu'ont déjà propriétaires et bailleurs, de connaître leurs droits.
Un projet de gauche, donc...
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