Fonds de tiroir

 On continue notre promenade électorale dans les communes ge-nevoise (on avoue, on pille pour cela les pages qu'y consacre l'édition genevoise de «24 Heures»). A Chêne Bougeries, deux des trois sortants se représentent au Conseil admi-nistratif: l'ex-Vert Jean-Michel Karr, désormais indépendant, qui ne pouvait se représenter comme Vert puisqu'il postule à un quatrième mandat consécutif, ce que le parti ne permet pas (le PS non plus, d'ailleurs, d'où le départ en Ville de Genève de Sami Kanaan -et d'un Conseiller municipal dont nous tairons le nom), et le Vert Florian Gross. La PLR Marion Garcia-Bedetti ne se représente pas. Une candidate verte, Marine Jullier-Sakkal se présente aux côtés de son colistier sortant (les Verts étaient en effet majoritaire à eux seuls au CA) , le PLR présente lui aussi deux candidatures, Florence Lambert et William Locher. Une nouvelle formation, le «Renouveau Chê-nois», en fait autant, avec Olivier Urfer et Marc Wuarin (un ex Vert libéral), et le PS présente Laurent Marty, candidat commun de l'Alternative. C'est fou, tout ce monde qui veut gouverner Chêne-Bougeries, non ?

Pas de deuxième tour pour l'élection du Conseil administratif à Anières et à Collonge-Bellerive: les trois candi-dat.e.s de droite ont été élu.e.s au premier tour. On fait encore mieux à Collex-Bossy, Gy, Jussy, Confignon, Cartigny, Laconnex et Chancy, où  les élections au Conseil administratif ont été tacites, vu qu'il n'y avait pas plus de candidat.e.s que de siège à pourvoir. Il a puisé son inspiration dans la campagne genevoise, Erdogan ?

Une visite guidée sur les lieux de résidence de quelques super-riches à Cologny, colline peu inspirée mais très friquée, était prévue dans le cadre du Festival du film et des droits humains (FIFDH), et d'une mise en évidence de la présence à Genève, et en particulier à Cologny (où le mètre carré est le plus cher du canton) de personnages im-pliqués dans de sombre affaires financières, parfois carrément crimi-nelles. La commune a interdit la vi-site guidée, en invoquant un risque de trouble à l'ordre public et un dégât d'image pour la population colognote. Qu'à cela ne tienne : les organisateurs de la visite prévue pour un public restreint l'ont transformée en visite privée, sur invitation à des jour-nalistes et sur un parcours réduit à trois arrêts: d'abord, devant un ma-noir appartenant aux Emirats arabes unis et servant de résidence à l'épouse de l'émir; ensuite, une propriété de l'homme d'affaire français (mais détenteur de cinq passeport) Patrick Dahl (propriétaire foncier aussi dans une palanquée de paradis fiscaux). Dahl doit 7,4 millions (à moins qu'il s'agisse de milliards ?) d'arriérés et de pénalités au fisc genevois, après avoir simulé une fausse séparation d'avec son épouse pour échapper à l'impôt. On passe enfin devant chez un oligarque russe, Viatechslav Moshe Kantor, sous sanction du fait de ses liens avec Poutine (d'autres oligarques russes sont ou ont été proprios dans le coin). La propriété est saisie, et ses avoir gelés, du fait des sanctions, mais l'oligarque n'a pas été exproprié... et l'entretien de la propriété est à la charge de l'Etat -et donc des cont-ribuables, y compris les plus modestes.  C'est tout les oligarques colognotes, ça: faire payer les pauvres pour l'entretien de leurs palaces de super-riches...

Feuilleton «le sport, école du vivre ensemble»: à Genève, le 27 janvier, l'entraîneur d'une équipe de juniors B (16-17 ans) a été condamné (avec sursis) à 70 jours amende à trente balles par jour, plus une amende de 500 balles et 520 balles de frais de justice, pour avoir terrorisé un arbitre de 16 ans lors d'un match entre les équipes du Grand-Saconnex et Interstar. L'arbitre a subi un choc post-traumatique après avoir été injurié («fils de pute», «enculé de ta race» et autres joyeusetés) et menacé de mort. Le feuilleton continue.

A Pigalle, on trouve dans les sex-shop un vibromasseur en forme de tou Eiffel. Riche idée. Meilleure en tout cas que celle d'un vibromas-seur en forme d'Arc de Triomphe...

Les conneries de Trump, de Musk, de Vance et de quelques autres ayant redonné de la vigueur au vieil anti-américanisme primaire, des appels au boycott de produits étasuniens se sont multipliés (#BoycottUSA, #BuyUE). Et quelques-uns ont eu effet: en un an, de février 2024 à 2025, les comman-des de bagnoles Tesla ont chuté des trois quarts en Allemagne, des deux tiers en Suisse alors que les ventes de voitures électriques, toutes marques confondues, y ont augmenté de 20 %. Ce qui profite aux marques chinoises et à Renault. Et peut-être bientôt, dans le haut de gamme, à Citroën, pour sa DS8 (à accus chinois fabriqués en France). Et des trucs amerloques à boycotter, y'en a beaucoup.   Bon, on a pas grand mérite à boycotter le Coca ou les MacDo vu qu'on n'en consom-mait pas (question de goût, pas de conscience politique, faudrait pas gonfler nos motivations), mais pour qui en consomme, y'a des alternatives pas étasuniennes : le Vivi Kola ou le Sinalco Cola, par exemple, si vous voulez vous purger suisse (on vous conseille aussi l'excellente limonade tessinoise à la mandarine). Ou, pour contourner le  bourbon, rien ne vaut le scotch ou le Whiskey irlandais. Pour l'informatique et les réseaux, on peut échapper à Google, Bing, Yahoo, Whatsapp et les autres grâce à Firefox, Lilo, Qwant, Threema. Et aller bosser au bistrot du coin plutôt qu'au Starbuck. Et parler français plutôt que le globish amerloque ? Ouais, aussi, mais va falloir faire un effort...

A Genève, la Caisse publique de prêts sur gage, une institution créée il y a 150 ans pour accorder des prêts en échange de biens, à des conditions non usuraires est de plus en plus sollicitée, parce que de plus en plus de Genevois et voises en ont besoin boucler leurs fins de mois. Les prêts sont de plus en plus nombreux (3569 en 2024) et les sommes prêtées de plus en plus importantes, au total (8,3 millions en 2024). Un quart des sommes prêtées sont inférieures à 350 francs, et sont accordées sans intérêt, un autre quart se situe entre 350 et 700 francs avec un intérêt de 5 %., une moitié avec un intérêt de 7,5 %. Ils sont accordés en majorité à des gens qui ont un besoin urgent d'argent liquide pour se nourrir, ou payer des factures d'assurance, en échange, le plus souvent, de bijoux en or, de pier-res précieuses, de montres, de maro-quinerie, d'argenterie. Les prêts sans intérêt ont une échéance de six mois, les autres d'un an. A l'échéance, le bénéficiaire du prêt doit en rem-bourser au moins 20 % pour éviter que l'objet gagé soit vendu aux enchè-res. Voilà, vous savez tout (ou pres-que) : si comme nous vous arrivez à la fin du mois autour du 15 du mois, y'a une adresse pour vous permettre quand même de bouffer (voire de fumer) jusqu'à la prochaine paie ou la prochaine rente : c'est aux Glacis-de-Rive. On y avait nos habitudes, mais on n'a plus grand chose à mettre en gage. Notre âme, peut-être?  Mais comment en fixer le prix?


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