Un enjeu des Municipales : la municipalisation des crèches, puis leur gratuité...
Comme l'école...
En 2023, 5000 enfants ont été accueillis chaque semaine dans les crèches municipales ou subventionnées de la Ville de Genève. En outre, 7400 ont fréquenté chaque jour les restaurants scolaires, et plus de 4000 familles ont bénéficié de l'allocation de rentrée scolaire. Que la municipalisation (progressive : on est dans la réforme, pas la révolution) des crèches soit la cible préférée de la droite municipale genevoise ne doit rien au hasard : c'est un vrai et solide projet de gauche que met en oeuvre Christina Kitsos et que soutient la gauche. Le parascolaire et les crèches doivent faire partie de l'offre scolaire. Et donc être gratuits, comme l'école. Les deux initiatives lancées par l'Union Populaire proposent donc d'ajouter le qualificatif "gratuit" à l'article sur le parascolaire. Il s'agit bien, dans l'initiative mais aussi dans la politique déjà menée en Ville de Genève (et dont il va falloir assurer la poursuite après la perte -de peu- de la majorité de gauche au Conseil municipal), de mettre en place un service public général de la petite enfance, comme cela été fait pour l'école.
Comme dit la Constitution, "en cas de besoin"...
Un improbable candidat PLR au Conseil municipal de la Ville de Genève s'était lâché dans la «Tribune» du 26 février sur la politique de la Ville (et de Christina Kitsos) de municipalisation progressive des structures d'accueil de la petite enfance. Et forcément, vu qu'il est PLR, il est contre. C'est son droit. Sauf que des arguments qu'il présente pour justifier son opposition, on ne sait différencier ceux qui relèvent de la simple ignorance de ceux qui relèvent de la plus crasse des mauvaises fois. But de l'exercice: tenter de convaincre que «la municipalisation est un échec», qu'elle ne fournit pas à la Ville «le nombre de places dont elle aurait besoin«»... Au besoin, on donne des chiffres faux: il manque encore 750 places de crèches en Ville pour satisfaire toutes les demandes? notre PLR gonfle le chiffre à «plus de 1000». Et on évite évidemment de dire que que le taux de couverture des besoins en place de crèches en Ville de Genève (42,7%) dépasse de loin la moyenne cantonale (33,6%) et celle des communes gérées par la droite, comme Thônex (20,4%). Il oublie aussi de préciser que près de 4900 enfants ont été accueillis en 2023 en Ville dans les crèches municipales ou subventionnées (on n'a pas encore les chiffres pour 2024), qu'une centaine de nouvelles places sont créées chaque année grâce à la municipalisation (171 places grâce à la seule ouverture de la structure Marie Goegg-Pouchoulin en 2023, 107 places en 2024, 234 nouvelles places prévues, d'ici 2028), et des tarifs parmi les plus avantageux du canton... Mais bon, c'est l'opposition de principe du PLR à la municipalisation qu'exprime le candidat PLR, pas une analyse de ses effets, alors il tripatouille les chiffres, ou les oublie et appelle ce tripatouillage du «pragmatisme» et cet oubli du «bon sens», en se contre-foutant autant des conditions de travail et de salaire du personnel de la petite enfance que des besoins des familles... Le PLR comme il est quoi...
La Ville de Genève finance à 75 % les structures d'accueil de la petite enfance. Il est donc logique qu'elle en fasse des structures municipales et en reprenne la gestion, plutôt que se contenter de mettre en soins palliatifs des structures associatives qui manquent à la fois d'engagements militants et de professionnalisme. Ses priorités sont de garantir à tous "ses" enfants les mêmes droits, une "prise en charge adéquate, un suivi éducatif de qualité et une alimentation saine". La réforme de la "gouvernance de la petite enfance" doit permettre de "répondre aux besoins des familles, en garantissant la création de nouvelles places en crèche, la qualité des prestations et l'équité de traitement entre les familles" : c'est l'enjeu de la municipalisation des structures d'accueil et de l'intégration de leur personnel à celui de la Ville.
Il manque encore 750 places en crèche en Ville de Genève (il en manquait encore 960 en 2020), 4000 places dans le canton, où 5000 enfants sont sur liste d'attente pour en obtenir une. Et si on compare les communes entre elles, c'est la Ville, avec un "taux d'offre" de places équivalant à 42, 7 % des demandes, et près de la moitié de l'offre de tout le canton, qui répond le mieux aux besoins. Mais elle n'entend pas s'en satisfaire : la municipalisation du secteur de la petite enfance a précisément, entre autres objectifs, celui de répondre à ce manque encore. En 2023, la Ville a ouvert 171 places de crèches, un jardin d'enfants et un espace parents-enfants à la Jonction (l'établissement Marie Goegg-Pouchoulin) et 60 nouvelles places d'éducation préscolaire. En 2025, les établissements Monique Bauer-Lagier à Vieusseux et Eglantyne Jebb aux Eaux-Vives offrent déjà 107 places supplémentaires. Et une centaine de nouvelles places sont prévues chaque année jusqu'à garantir autant de places que demandé par les familles, et à les garantir au tarif le plus avantageux possible, tant que la gratuité de cet accueil préscolaire n'est pas assurée au même titre que l'école .
Les deux initiatives
populaires cantonales lancées par l'Union Populaire demandent
d'inscrire dans la Constitution cantonale la
gratuité du parascolaire et des crèches (A Thônex, par
ailleurs, la gauche a lancé une initiative pour la création de 150
nouvelles places de crèches) La Constitution
genevoise prévoit déjà (art. 204) que "tous les enfants suivant
leur scolarité obligatoire dans l'enseignement public genevois
bénéficient, en cas de besoin, d'un accueil toute la journée".
Le "en cas de besoin" du texte constitutionnel doit être compris
comme une sorte d'euphémisme : les familles sont très
nombreuses, dont les deux parents travaillent, ou les familles
monoparentales dont le parent travaille à plein temps, le
ressentent bien, ce besoin d'un accueil parascolaire, d'une
cantine scolaire, d'une prise en charge socio-éducative
renforcée. Mais cet accueil, cette prise en charge, doivent être
payés (le groupement intercommunal du parascolaire vient d'en
supprimer la gratuité) et bien des parents n'en ont pas les
moyens.
La gratuité, finalement, s'inscrit dans la poursuite
d'une politique de la petite enfance dont la municipalisation est le
socle. Défendre ce socle, et son élargissement, est donc une condition
de ce qu'on va construire dessus : un vrai service public général de la
petite enfance. Parce que le "cas de besoin" évoqué par la Constitution
cantonale, il est là.
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