Dernière séance du Conseil Municipal de Genève pour le Conseiller administratif Sami Kanaan...

Je ne suis pas tout à fait sûr de savoir pourquoi diable c'est à moi que le groupe socialiste avait confié la noble tâche de faire, mercredi soir l'éloge de Sami Kanaan, à l'occasion de sa dernière séance de Conseil municipal (en tant que Conseiller administratif). Sans doute est-ce parce que je quittais ce Conseil en même temps que Sami quittait la Municipalité. Ou alors, parce que je connais Sami depuis le siècle dernier ? 
J'ai connu le Sami militant, le Sami président du PS de la Ville, le Sami Conseiller municipal, le Sami Conseiller administratif... Sauf que mercredi, ce n'était pas du militant socialiste, du président du PS de la Ville de Genève, du Directeur du Département de Manuel Tornare, du Conseil municipal, du chef de groupe dont on m'avait chargé de faire l'éloge, mais du Conseiller administratif.

Khalil Gibran écrit : «il n'est pas de frontière entre vous et les choses les plus proches, et il n'y a pas de distance entre vous et les choses les plus éloignées. Et toutes les choses, de la plus basse à la plus élevée, de la plus petite à la plus grande, sont dans une complète égalité».
Il n'y a donc pas de distance entre le Sami de Beyrouth et le Sami de Genève.
Pas de distance entre le Sami magistrat et le Sami solidaire des victimes de l'ordre du monde, plaidant pour que la Ville fasse ce qu'elle peut pour les soutenir. Et là, ce n'est plus Khalil Gibran qui parle, mais Omar Khayyàm : «incline-toi vers ceux qu'on humilie». Par exemple, à Gaza.
Pas de distance entre le Sami militant socialiste et le Sami ministre de la culture de la capitale mondiale du monde mondial.
Pas de distance entre le Sami autorité de tutelle du Grand Théâtre et des musées et le Sami qui fait renforcer comme jamais le soutien financier aux cultures d'expérimentation, aux cultures de l'immigration, à la transformation des institutions en forums. 

La Ville n'a jamais soutenu autant d'acteurs culturels, autant de modes d'expression, de formes de création, de domaine d'expression. Et Sami n'y est pas pour rien.
Le budget culturel de la Ville de Genève n'a jamais été, en volume, aussi important. Et Sami n'y est pas pour rien non plus.
Le canton a finalement appris ce que «mener une politique culturelle» pouvait bien vouloir dire. Et là encore  Sami n'y est pas pour rien. Il  fallait d'ailleurs bien trois mandats de Conseiller administratif chargé de la culture pour arriver.

Voilà. C'était un hommage. Mais un hommage n'est pas un éloge funèbre : il y a une vie après les mandats politiques, une vie hors des exécutifs et des parlements, une vie hors des institutions. Et ce n'est pas une vie hors de la Cité, hors de l'engagement, hors du débat politique. C'est juste une vie hors des codes institutionnels.  Et nous ne croyons pas une seconde  que nous allons perdre Sami, ni de vue, ni d'ouïe, ni de parole.  

Khalil Gibran, encore : 
«Ne croyez pas que vous serez libres lorsque vos jours couleront 
sans souci et que vos nuits se passeront sans besoin et sans peine»... 

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