Fonds de tiroir

 On aime bien cette brève du «Canard Enchaîné» de la semaine dernière : «Inquiets des ravages du trumpisme, de riches américains transfèrent leur fortune en Suisse. (...) Que ces traîtres à la patrie se méfient: si Trump l'apprend, il pourrait envahir la Suisse». On s'en fout, on a acheté des F-35 aux Américains pour nous dé-fendre... Bon, c'est vrai qu'on s'atten-dait pas à devoir peut-être se défendre contre les Américains, mais bon, avant la Deuxième guerre mondiale, La Suisse avait bien acheté des Messerschmid aux Allemands, contre lesquels elle avait dû les utiliser...

Après le premier tour des Municipales, le président du PLR cantonal, Pierre Nicollier, glosait sur la faible participation aux élections Municipales, et suggérait que cela pourrait être du au droit de vote accordé aux étrangers au plan communal... Foutaise. ! A chaque fois qu'on a élargi le corps électoral le taux de participation a baissé. Dans l'ancienne République calviniste, seuls les hommes propriétaires protestants et indigènes disposaient des droits de voter, d'élire et d'être candidats : la participation électorale dépassait sans doute les 80 %...  Ensuite, on a successivement accordé les droits politiques aux catholiques, aux non-propriétaires, auxc femme et donc aux étrangers établis. Et à chaque fois, la participation a baissé. Bref, c'est mécanique : quand on élargit, on abaisse. Oualà. Faut tout leur expliquer, aux radelibes.

On ne votera pas seulement à Genève, le 18 mai, sur l'initiative populaire udéciste de piraterie fiscale visant à priver les villes d'une partie des impôts payés par les contribuables qui y travaillent mais habitent d'autres communes, on votera aussi sur les panneaux solaires. Plus précisément, sur une initiative des Verts libéraux et un contre-projet du Grand Conseil. L'initiative exige une transition rapide (d'ici au 31 décembre 2034) et presque généralisée vers l'énergie solaire, par des panneaux photovoltaïques (seulement des panneaux photovoltaïques, pas des panneaux thermiques)  à installer sur toutes les constructions, y compris sur les façades et les balcons, même s'ils sont orientés au nord et toujours à l'ombre, en ne respectant que les protections minimales du patrimoine et en faisant garantir par l'Etat le prix de vente de l'électricité ainsi produite. Le Conseil d'Etat et le Grand Conseil ont trouvé la démarche intéressante, mais... comment dire ? un peu excessive. Et un tantinet aveugle, même, sur certains points (imposer de mettre un panneau photovoltaïque sur une façade toujours dans l'ombre, c'est pas très malin...). Un contre-projet a donc été adopté, et sera opposé à l'initiative (si les deux sont acceptés, faudra choisir l'un ou l'autre). Il ne prévoit d'installer des panneaux solaires que sur les surfaces les plus productives (toits,  immeubles en rénovation) notamment ceux des grands consommateurs d'électricité en zone industrielle, qui devraient utiliser l'électricité produite pour leur propre consommation. On renoncerait donc à multiplier les petits projets peu efficaces, façon «grand bond en avant» chinois. On respecterait les dispositions  cantonales (et non plus seulement fédérales) de protection du patrimoine, on n'exigerait plus forcément d'autorisation de construire pour la pose de panneaux solaires, on ne garantirait plus un prix d'achat de l'énergie produite, mais on agirait (comme d'hab) par des subventions, des prêts et des cautionnements. Tous les partis du Grand Conseil soutiennent le contre-projet. Quelques uns soutiennent aussi l'initiative. Pas nous. Parce que, bon, développer le solaire pour faciliter l'abandon des énergies fossiles, c'est bien, mais faut pas le faire n'importe comment. Et pas sans se poser la question des économies de consommation (que le contre-projet ne se pose cependant pas plus que l'initiative...). Le PS laisse la liberté de vote entre l'initiative et le contreprojet. De toute façon, la liberté de vote, on en dispose toujours. On votera donc librement pour le contreprojet. Même s'il a des faiblesses (comme celle de ne pas confier la réalisation des installations photovoltaïques aux Service Industriels plutôt que la confier aux propriétaires -mais l'initiative a le même défaut). Parce qu'il a l'avantage d'être formulé et rapidement applicable, d'intégrer les installations thermiques (l'initiative se contente du photovoltaïque) et de respecter les normes de protection du patrimoine. On se contente de peu ? Ouais, mais c'est parce qu'on nous propose pas grand'chose, alors on fait avec.


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