Gratuité générale des transports publics : Une longue marche
Un trimestre après l'entrée en vigueur, à Genève de la loi instaurant la gratuité des transports publics aux moins de 25 ans, 72’701 abonnements ont été octroyés, dont 56% à de nouveaux abonnés des transports publics. Et on en est aussi contents que le gouvernement, même s'il rappelle que «la période de clémence dans les contrôles», instaurée pour les jeunes resquilleur sur les lignes des TPG uniquement, a pris fin au 1er avril -depuis lors, ils peuvent être amendés....La marche vers la gratuité générale des transports publics est une longue marche... que les communes peuvent accompagner. Par exemple en accordant aux usagers de plus de 65 ans la même gratuité que celle accordée aux usagers de moins de 25 ans... C'est d'ailleurs ce que proposent, en Ville de Genève, les Verts et le MCG... Et au Conseil national, la Verte zurichoise Marionna Schlatter propose de faire du demi-tarif CFF le tarif normal (en d'autres termes, de supprimer le demi-tarif et de réduire le tarif plein de moitié). Pas une mauvaise idée, dans le pays où ce tarif plein est sans doute le plus élevé au monde (hors trains de luxe).
Une affaire d'égalité : des transports publics pour toutes et tous, sans privilège. Et gratuits.
Les Transports Publics genevois ont connu en 2024
une hausse de 2,6 % de leur fréquentation par rapport à 2023,
avec plus de 222 millions de passagers (en chiffres cumulés),
dont 100 millions sur les lignes de trams (dont 30 millions sur
la ligne 14), grâce notamment à l'extension de la ligne 15
jusqu'à la ZIPLO de Plan-les-Ouates, et au renforcement des
courses nocturnes (entre une heure et quatre heures du matin) Et
la hausse de la fréquentation promet de se poursuivre en 2025,
grâce à l'introduction de la gratuité des abonnements pour les
moins de quinze ans et de la réduction de leur coût pour les
plus de 65 ans.
En quatre mois, de janvier à avril de cette année, plus de 72'000 abonnements réduits Unireso (valables sur tout le réseau commun aux TPG, aux CFF et aux Mouettes) offerts par le canton aux plus de 65 an, et offerts gratuitement aux moins de 25 ans, avaient été souscrits. C'est presque le tiers de l'ensemble de la population concernée (230'000 personnes) pour les deux classes d'âge ensemble, plus de la moitié de la population des 6-17 ans. Et la majorité des abonnements gratuits ou à prix réduit sont de nouveaux abonnements. Un succès, donc. Au point que dans le canton de Vaud, le Conseil d'Etat souhaiterait lui aussi introduire une réduction de moitié des abonnements Mobilis seniors. Les objectifs genevois et genevois sont communs : alléger la charge des transports publics sur le revenu des aînés (les bénéficiaires de prestations complémentaires bénéficient d'ailleurs déjà de la gratuité), la supprimer pour les plus jeunes et inciter les bénéficiaires de cette gratuité ou de cette réduction qui utilisent leur voiture à y renoncer, totalement ou partiellement, en faveur des transports publics, ce qui aurait le triple avantage de réduire la charge en CO2 relâché dans l'atmosphère et en tant que telle facteur de réchauffement climatique, de favoriser les contacts entre personnes et de rompre l'isolement social (seul dans sa bagnole, on s'y isole...), et enfin d'accroître la fluidité du trafic en réduisant le nombre de voitures en circulation.
On ne cultive cependant pas l'illusion que toutes
les personnes pouvant bénéficier d'un abonnement gratuit vont
cesser de se déplacer en automobile : toutes n'habitent pas ou
ne se rendent pas à proximité immédiate d'un arrêt des
transports publics. Reste que plus nombreuses seront celles qui
pourront bénéficier d'un abonnement gratuit, plus nombreuses
seront celles qui en feront usage plutôt que de leur bagnole
-d'où l'utilité détendre cette gratuité aux catégories de
population qui n'en bénéficient pas, y compris celles qui ont
déjà droit à une réduction du prix de leur abonnement. Ce qui
mettra, collatéralement, les TPG au défi d'adapter leur offre à
un nombre accru d'usagers, et leur matériel à des usagers ayant
des besoins spécifiques (seuils abaissés d'entrée dans les
véhicules, sièges adaptés, temps plus long d'ouverture des
portes etc...). Et de renforcer constamment la desserte des quartiers ou des villages mal desservis par
les transports publics, et où l'insuffisance de l'offre
renforce la dépendance à l'automobile privée, celle-là même
dont, progressivement, on se libère dans les villes centre,
comme celle de Genève.
Et si, ici, on ne se retrouve pas dans la situation française où, sortis des grandes villes, on est quasiment condamnés à choisir entre la bagnole et le confinement, on ne s'en retrouve pas moins à gérer la persistance d'une ségrégation à la fois fonctionnelle et sociale entre celles et ceux qui, urbains, peuvent se passer de bagnole sans rien perdre de leur mobilité, et celles et ceux qui, suburbains, périurbains, rurbains ou ruraux, ne peuvent s'en passer s'en perdre une liberté.
Une affaire d'égalité, donc : les
transports publics pour toutes et tous, sans privilège. Et
gratuits.
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