Logement : l'ASLOCA lance une initiative pour des loyers supportables
Dix
milliards de loyer en trop
En Suisse, les
locataires paient en moyenne plus de 10 milliards de francs de
loyer par an en trop. De trop, mais pas perdus pour tout le
monde : ce surprofit profite essentiellement
aux groupes immobiliers privés. Ce profit est le leur, ce coût
est pour les locataires. L'ASLOCA lance une initiative populaire pour instaurer
des contrôles réguliers des loyers, de sorte qu'ils ne
reposeraient plus sur les seules épaules des locataires, et pour
qu'ils soient basés sur les coûts réels de construction,
d’entretien et d’administration, majorés d’un rendement approprié
plutôt que sur les rendements abusifs recherchés par les grands
groupes immobiliers, qui imposent des loyers se référant au
marché, et pas au coût réel, pour eux, des logements qu'ils
louent. Les loyers pourraient continuer à contenir un rendement
s'inscrivant dans la moyenne des autres placements financiers
comme le actions ou les obligations -ils peuvent aujourd'hui en
représenter le double, voire le triple. La collecte de signatures pour l’initiative de l'ASLOCA doit débuter le 3 juin 2025, mais on peut déjà s'engager à la signer https://initiative-loyers.ch/pledge/
D'un côté la défense d'un droit, et de l'autre la défense d'un profit.
Pour un bail signé en 2006, le loyer sera en 2023 en moyenne nationale, de 24,4 % plus élevé -et, en moyenne genevoise, de 33,4 %. En cas de déménagement, 28 % des locataires feraient, en moyenne suisse, face à des loyers supérieurs au tiers de leur revenu. Cette proportion ascende à 55 % à Genève, 40 % dans le canton de Vaud, alors qu'on considère que le loyer ne devrait pas peser plus de 15 % du revenu. Conséquence : les locataires dont le logement est devenu trop grand ne déménagent pas, pour éviter une hausse de loyer insupportable. A Genève les loyers des baux nouveaux sont 80 % plus élevés que ceux des baux en cours (30 % dans le canton de Vaud, 19 % en moyenne suisse), alors même que 20 % des locataires paient déjà un loyer équivalant à plus du tiers de leur revenu. Et la hausse des loyers ne vas pas s'arrêter : Wuest Partner s'attend à une hausse générale de 1,9 % des loyers en 2025.
Alors même que les taux hypothécaires baissent, les
loyers ne cessent de grimper, bien plus vite que les salaires ou
les prix à la consommation. Les loyers sont aujourd'hui 40 %
plus élevés que ce qu'ils devraient si les bailleurs répercutaient les baisses du taux de
référence, comme le leur demande la loi. Ce sont dix milliards de trop, 360 francs par mois, que paient
ainsi les locataires, dans un pays où seuls 0,5 % d'entre eux contestent leurs loyers,
s'opposent à leur hausse ou demandent leur baisse. Parce qu'ils
ignorent leurs droits, ou ont peur de perdre leur logement en
fâchant leur bailleur.
Des banques, des assurances, des fonds de placement,
mais aussi des fonds de pension (quoique moins systématiquement,
et sans chercher de superprofits) se livrent à une véritable
chasse au sur-rendement des investissements) des fonds de
pension, en renchérissant le prix des terrains et des immeubles,
et en faisant constamment grimper le montant des loyers dans le
secteur privé.
"Les loyers sont devenus le problème social numéro un
en Suisse", où 60 % des ménages sont locataires, mais il n'y a
au parlement fédéral "aucune volonté d'affronter ce problème.
L'initiative populaire est la seule solution pour faire avancer
les choses", insiste le président de l'ASLOCA suisse, Carlo
Sommaruga. L'ASLOCA lance donc une initiative pour des loyers
supportables, et contrôlés.
Les milieux immobiliers ont déjà annoncé qu'ils
combattraient cette initiative. On s'attend donc à ce que leurs
porte-voix politiques en fassent autant. La surprise, c'est que,
politiquement, il n'y a pas de surprise. Seulement d'un côté la
défense d'un droit, et de l'autre la défense d'un profit.
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