Naufrage de l'initiative fiscale udéciste

J'y vis, j'y coule

L'échec de l'initiative udéciste "J'y vis, j'y paie", soutenue par les syndicats patronaux, pour la  fin du partage du produit de l'impôt communal entre la commune de résidence et celle de travail, est sans appel : elle est balayée à presque 80 % des suffrages, et n'est acceptée dans aucune commune, même pas  dans celles où prospère la clientèle qui y aurait trouvé avantage. Le contre-projet lui aussi est refusé, mais moins massivement. Soutenu par toute la droite, il supprimait lui aussi le partage de l'impôt communal entre la commune où on roupille et la commune où on travaille (ou fait travailler les autres), mais mandatait (sans qu'elle l'ait demandé) l'Association des communes pour accoucher d'une réforme de la péréquation intercommunale dans un délai (non contraignant) de cinq ans. Son seul avantage était que cette "réforme", dont le contre-projet ne précisait pas les contours était soumise au référendum obligatoire et qu'on se ferait alors un plaisir autant qu'un devoir de la couler.

Et comme on en a aussi fini avec l'Eurovision, on a finalement passé un excellent week-end...

Le naufrage de l'initiative udéciste pour supprimer l'imposition communale sur le lieu de travail (sauf pour les frontaliers...) est, pour le moins, réjouissant. Les villes du canton peuvent souffler. Leurs habitantes et habitants aussi. Et toutes celles et tous ceux qui utilisent leurs infrastructures aussi. Même celles et ceux qui habitent dans d'autres communes. Mêmes dans les communes les plus friquées du canton. On s'attendait, évidemment, à ce que l'initiative soit refusée dans les quartiers populaires de la Ville -et elle l'est, à des taux qui frisent les 90 % de suffrages. On ne s'attendait pas à ce qu'elle le soit aussi à Vandœuvre, Anières, Cologny, Collonge-Bellerive, or elle y est aussi refusée -à des taux plus mesurés, certes, et en faveur du contre-projet, mais elle l'est aussi, à plus de60 %. On craignait en revanche que le contre-projet soit accepté, puisqu'il reprenait l'objectif fondamental de l'initiative : que l'impôt communale ne finance que la commune où on habite (et vote -à droite). Or le contre-projet lui aussi est refusé. Pas massivement (à 52 %), et pas dans la majorité des communes (il est accepté dans 35 d'entre elles, et refusé dans dix), mais il fallait qu'il le soit, et il l'a été. Grâce au vote des villes : Carouge, Lancy, Meyrin, Onex, Vernier, et Genève, dans tous les arrondissements sauf les trois bastions de la droite (Champel, Florissant-Malagnou, Cité-Rive). Et c'est logique : ce sont les villes que l'UDC, qui les déteste, et les Syndicats patronaux, qui les craignent (c'est plus rationnel) visaient. On salue tout de même les votes d'Avully, Chancy et Chêne-Bourg, qui ont elles aussi refusé un contre-projet qui ne leur faisait rien perdre : on y voit un vote de principe pour le partage des ressources.

Le Vert libéral Aurelien Barakat, reprenant l'antienne de l'UDC et soutenant le contre-projet à l'initiative, considérait que "c'est une anomalie de payer ses impôts dans une commune où on n'a pas le droit de vote", comme de vulgaires frontaliers, mais qu'en revanche, ce n'en est pas une de ne pas en payer dans une commune dont on utilise les infrastructures.On n'aura donc pas à lancer une pétition ou une initiative municipale, ou à faire déposer au Conseil municipal une proposition, pour instaurer en Ville de Genève des tarifs d'usage des infrastructures municipales différenciés selon la commune de résidence. Ou à mettre fin à la gratuité d'usage de certaines infrastructures pour les non-résidents de la Ville.

Et comme on en a aussi fini avec l'Eurovision, on a finalement passé un excellent week-end...





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