Scolarisation des enfants du Centre fédéral d'asile du Grand Saconnex : Une prison n'est pas une école

Mardi 3 juin à 18 heures devant l'Hôtel-de-Ville de Genève, un rassemblement est organisé par l'association de soutien aux migrants "Solidarité Tattes" pour remettre aux autorités la pétition lancée par les associations, les syndicats et la gauche pour que les enfants qui seront retenus dans le Centre fédéral d'asile (CFA) du Grand-Saconnex, qui devrait être "opérationnel" à la rentrée de fin août, soient considérés pour ce qu'ils sont : des enfants qui ont droit à être scolarisés dans des conditions dignes et à pouvoir bénéficier d'une scolarisation non discriminatoire, quel que soit leur statut. Le minimum exigible d'une République comme celle de Genève (voire d'un pays comme la Suisse) : respecter sa propre constitution, la constitution fédérale, la convention internationale pour les droits de l'enfant.

Le jour où cette pétition sera remise, le 3 juin, sera aussi celui de la première session du nouveau Conseil municipal de la Ville de Genève. Qui se réunira précisément au moment où la pétition sera remise. Elle ne lui est pas adressée. Elle aurait dû. Mais il reste aux conseillères municipales et aux Conseillers municipales élu.e.s le droit d'en faire une pétition ou une motion aux autorités de la Ville : il suffit pour cela que quelques uns d'entre eux la reprennent, l'adapte pour demander à la Ville de mettre à disposition des locaux scolaires à proximité du CFA, la signent et la déposent au bureau du Conseil municipal, en séance, ou en fassent une motion à traiter en urgence. Le texte de la pétition est disponible sur https://act.campax.org/petitions/non-a-l-ecole-prison.

"L'intérêt de l'enfant doit prévaloir sur tout autre intérêt"

Genève a donc accepté (en faisant mine de le regretter) de scolariser des enfants dans ce qui, objectivement, reste une prison : un centre de rétention avant expulsion, installé entre une piste d'aéroport et une bretelle d'autoroute, un chantier et une centrale de police. Les autorités genevoise "regrettent" la localisation du Centre, mais ne font rien pour en changer. Le 10 avril dernier, le Grand Conseil acceptait pourtant une résolution demandant au Conseil d'Etat d'intégrer les enfants "hébergés" au Centre fédéral d'Asile du Grand Saconnex de les intégrer dans les écoles du quartier. La pétition qui sera remise aux autorités le 3 juin reprend cette demande. Elle est légitime, et nécessaire : les conditions dans lesquelles les enfants incarcérés au Grand-Saconnex (regroupement de 50 enfants de 4 à 15 ans dans deux classes, pas de préau, enseignement en rabais) devraient être scolarisés sont indignes de Genève.

La pétition remise aux autorités le 3 juin ne demande pas l'impossible aux autorités genevoises : elle leur demande de respecter les constitutions genevoise et fédérale, la Convention relative aux droits de l'enfant et la loi genevoise sur l'instruction publique. Tous textes qui proclament hautement que l'intérêt de l'enfant doit prévaloir sur tout autre intérêt, la loi cantonale sur l'instruction publique y ajoutant que les conditions d'apprentissage doivent "aider chaque élève à développer de manière équilibrée sa personnalité, sa créativité ainsi que ses aptitudes intellectuelles, manuelles, physiques et artistiques. Dans une école installée dans un centre de rétention, sans infrastructure suffisante, sans préau, sans places suffisantes,avec un enseignement réduit et du matériel scolaire inadéquat, c'est mission impossible.

Et si la commune du Grand-Saconnex n'a pas de locaux scolaires disponibles pour que les enfants du CFA puissent y être scolarisés, la Ville de Genève en a certainement, à proximité (au Petit-Saconnex, par exemple ?) qui puissent être utilisés à cette fin légitime. Alors, demandons le lui...




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