Centre fédéral d'"asile" du Grand-Saconnex : L'enfant, l'école, la prison, le renvoi
Le 10 avril dernier, le Grand Conseil a accepté une résolution demandant au Conseil d'Etat d'intégrer scolairement dans les écoles du quartier les enfants "hébergés" au Centre fédéral d'Asile du Grand Saconnex. Une pétition remise aux autorités cantonales le 3 juin reprend cette demande. Il s'agit de respecter les constitutions genevoise et fédérale, la Convention relative aux droits de l'enfant et la loi genevoise sur l'instruction publique, tous textes qui proclament hautement que l'intérêt de l'enfant doit prévaloir sur tout autre intérêt, la loi cantonale sur l'instruction publique y ajoutant que les conditions d'apprentissage doivent "aider chaque élève à développer de manière équilibrée sa personnalité, sa créativité ainsi que ses aptitudes intellectuelles, manuelles, physiques et artistiques"... mission impossible dans un centre de rétention, sans infrastructure suffisante, sans préau, sans places suffisantes, avec un enseignement réduit, du matériel scolaire inadéquat, le regroupement de 30 enfants de 4 à 15 ans dans deux classes. La place d'un enfant est dans une école, pas dans une prison. Une prison qui ne devrait d'ailleurs pas ouvrir.
De quoi un centre fédéral d'asile est-il le nom ? De la xénophobie d'Etat
Le
Centre fédéral d'asile du Grand Saconnex (CFA) s'insère dans
un réseau de CFA créé en 2019, dont la fonction est de stocker
les requérants d'asile en attente d'une décision, qu'on espère
bien être celle d'un refus définitif et d'un renvoi
inéluctable, sur leur cas. Depuis l'ouverture de ces silos à
immigrants, de nombreux cas de violence à l'encontre de celles
et ceux qui sont contraints d'être retenus ont été relevés et
dénoncés par les associations de soutien aux immigrants et les
ONG, et relevés par les media. Mais rien, ou presque, n'y a
fait : les CFA restent fondés sur l'isolement des migrants et
la répression de leurs éventuelles résistances. Et on y
consacre plus de moyens à la "sécurité" qu'à l'encadrement
social, sanitaire et, pour les enfants, scolaire. De quoi les
CFA sont-ils le nom ? Ils sont le nom de la xénophobie d'Etat.
Une prison n'est pas une école. Les enfants qui seront retenus dans le Centre fédéral d'asile (CFA) du Grand-Saconnex, qui devrait être "opérationnel" à la rentrée de fin août, doivent être considérés pour ce qu'ils sont : des enfants qui ont droit à être scolarisés dans des conditions dignes et à pouvoir bénéficier d'une scolarisation non discriminatoire, quel que soit leur statut. Le minimum exigible de Genève. Du canton et des communes. Y compris la Ville de Genève, à qui nous demandons de tenir, si besoin est, ses propres écoles à disposition des enfants du CFA du Grand Saconnex (https://www.fichier-pdf.fr/2025/06/09/petition-centre-federal-dasile/)
L'intérêt de l'enfant doit prévaloir sur tout autre intérêt et la prise en considération de ses droits sur toute autre considération, dans un canton et une commune où a été élaborée et signée, il y a cent ans, la convention internationale sur les droits de l'enfant. Et qui ont les moyens de permettre à tous les enfants qui vivent à Genève d'être accueillis et scolarisés dans des écoles, d'avoir accès aux activités parascolaires et de bénéficier des cuisines scolaires. Tous les enfants, même les enfants de requérants d'asile. Des enfants eux-mêmes réfugiés. Mais d'abord des enfants.
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