Mobilisation féministe du 14 juin : «Jin, jihan, azadi»

 

Demain, samedi 14 juin, et pour la septième fois, les collectifs locaux de la Grève féministe organisent des mobilisations dans toute la Suisse. Ils rappelleront la persistance des inégalités sociales (salariales, professionnelles, familiales) dont les femmes sont victimes. Ils dénonceront la faiblesse des dispositifs péniblement adoptés, moins pour lutter contre ces inégalités que pour donner l'impression qu'on s'en préoccupe (telle la loi suisse sur l'égalité, violée en toute impunité par les employeurs). Ils rappelleront que cette année sera celle de l'entrée en vigueur du report d'un an de l'âge de la retraite des femmes. Ils dénonceront  aussi la persistance des violences sexistes et de genre, la montée générale des masculinismes fascisants, et des remises en cause générale des conquêtes du mouvement des femmes (à commencer par celle de choisir d'enfanter ou non) et des mesures de lutte contre les discriminations de genre et , l'exemple des actes de l'administration de Trump n'étant, précisément qu'un exemple, parmi bien trop d'autres, et qu'en Suisse aussi certains rêvent de suivre. Et puis, demain, on rendra aussi hommage à Christiane Brunner. l'initiatrice de la première grève des femmes, en 1991, dix ans après l'adoption dans la Constitution fédérale du principe de l'égalité entre femmes et hommes, un principe que la Suisse officielle entendait bien réduire à une proclamation rhétorique. Christiane nous a quitté en avril ? pas vraiment : elle sera demain au cœur des rassemblements...

A demain....

le programme des mobilisations : https://www.14juin.ch/#programm


"Le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours".

On ne vas pas se faire plus intersectionnels qu'on est déjà - à l'impossible, nul n'est tenu, pas même nous, mais il y a, dans la débauche de "masculinisme" à laquelle le grand et le petit théâtre de la politique nous offre le spectacle, quelque chose qui tient de comportements fascistes, ou à tout le moins, et c'est déjà trop, fascisants. Et donc, additionnant les cibles de populations diverses à réprimer, discriminer, exclure. Il n'y a pas plus "intersectionnel" (une "intersectionnalité des haines" , comme la décrit l'historienne Christine Bard) que la politique que mènent, prônent, soutiennent les Trump, Musk et autres Orban. Les femmes en sont les cibles, mais les immigrants aussi. Et les homosexuel-le.s les trans, les queers. Et les populations racisées. Et les religions minoritaires. Et les athées, agnostiques, sans-religion...

Le masculinisme sévit à jets continu (on ne précisera pas à jets de quoi) sur les réseaux. Il y constitue une "manosphère" où sévit une antithèse du bobo (le "bourgeois bohème", qu'il hait) : le bourbour ("bourgeois bourrin") et où se promeut un "homme sigma" qui est au mâle alpha ce que le loup solitaire est au chef de meute. La meute, pourtant, est toujours là, et elle a toujours besoin d'un chef. Avec qui geindre (mais en hurlant) qu'il devient de plus en plus difficile d'être un homme blanc hétéro, que le "wokisme" est en train de détruire l'Occident, qu'on ne peut plus drague, qu'on ne peut plus rien dire -et que c'est la faute des femmes. En France, un quart des jeunes hommes de 25 à 34 pensent qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter.  Et en Suisse, les centres d'aide aux victimes de violences sexuelles ont enregistré 50'000 consultations en 2023. Benoîte Groult rappelait que "le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours".

Le patriarcat ne s'est pas institué tout seul, il ne tombera pas tout seul.  Il tombera quand tous les hommes auront compris que quand les femmes conquièrent des droits et des libertés dont elles étaient privées, elles n'en privent pas les hommes. Mais évidemment, tous ne le comprendront pas. On peut laisser les virilistes, misogynes et autres masculinismes à leurs frustrations, leurs trouilles, leurs obsessions. Il faut seulement les empêcher de nuire. Parce que quand on pense avec ses couilles et qu'on se laisse conduire par sa bite, quand ceux qui se voudraient mâles dominants ne se dominent plus eux-mêmes, leur farce promet de finir, forcément, en tragédie. Alors, qu'au moins en soient les seules victimes ceux qui l'auront provoquée, et pas celles qu'ils frappent, et parfois tuent.

"Vos propres armes
Vous tueront
Vous vous mordrez
Avec vos propres dents"
(Grisélidis Réal)


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