Election au Conseil d'Etat genevois : Pas complémentaires, les enjeux

Vous avez encore quelques jours pour voter et élire par correspondance, avant que tombent dimanche à midi et des poussières les résultats des votations fédérale et cantonales, et de l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois. C'est d'elle dont il sera question aujourd'hui. Parce qu'elle est importante, même si elle ne porte que sur un mandat écourté : en trois ans, un gouvernement cantonal encore plus à droite que l'actuel peut faire bien des dégâts. La gauche joue donc gros : elle joue son troisième siège (sur sept) à l'exécutif cantonal. Déjà minoritaire, elle le serait encore plus si les Verts perdaient leur siège. Or elle part divisée, au premier tour de l'élection. La droite aussi, d'ailleurs, mais elle n'a rien à perdre... L'élection est complémentaire, mais ses enjeux ne le sont pas : ils sont le rapport des forces au gouvernement, et la politique d'urbanisme, d'aménagement, du logement.

il n'y a qu'un siège à repourvoir. Il faut donc choisir pour qui voter.

Dans cette élection, la gauche est divisée. Moins que la droite, mais tout de même trop. C'était sans doute inévitable, dès lors que, d'une part, l'Union Populaire avait décidé, seule, de présenter la candidature de Rémy Pagani, , et que d'autre part la ligne politique modérée d'Antonio Hodgers, assumée par Nicolas Walder, est "trop encline au compromis avec les partis de la bourgeoisie et pas à la hauteur de l'urgence sociale et climatique" comme l'écrit le Parti du Travail tout en appelant "le peuple à se mobiliser pour faire barrage à la droite et à l'extrême-droite"", et en assurant qu'il "soutiendra sans réserve le candidat de gauche le mieux placé pour le deuxième tour". Mais face à qui ? A droite, le PLR a choisi de tourner le dos à sa vieille alliance avec la démocratie-chrétienne et d'appeler à voter pour le candidat UDC dès le premier tour. Et donc de le faire passer, pour le deuxième tour, devant le candidat du Centre. Du coup, le candidat UDC (qui se garde bien d'arborer cette étiquette) peut proclamer fièrement "je représente la droite". A lui tout seul ? c'est oublier à la fois que le MCG a lui aussi présenté un candidat, mais surtout que le candidat du Centre est lui-même un candidat de la droite. Pas de la droite autoritaire et conservatrice, certes, mais tout de même de la droite libérale (au vrai sens du terme, pas au sens du "L" d'un PLR accolé à l'UDC) . Et qu'il est d'ailleurs soutenu par les syndicats patronaux. 

L'élection est complémentaire, mais les enjeux sont fondamentaux : puisque c'est le siège d'Antonio Hodgers qui va se libérer, et qu'Antonio Hodgers est notre ministre de l'urbanisme et de l'aménagement, il s'agit bien, précisément, de la politique d'urbanisme et d'aménagement. Du logement et des espaces verts. "On ne peut pas simplement construire des logements sans intégrer les services, les espaces publics vivants, les liens humains" résume Nicolas Walder. Et au fond, Rémy Pagani ne dit pas autre chose, s'il le dit plus carrément. Les deux candidats de gauche ont d'ailleurs tous deux été Conseillers administratifs de leurs villes, et chargés, déjà, de l'urbanisme. Et un autre candidat, Rémi Baudouï, soutenu par les associations de défense du patrimoine, revendique lui aussi le Département du Territoire, avec un projet explicite de changement de politique, de rupture avec la "bétonnisation du canton", le "dogme" de la croissance, "l'enlaidissement" de Genève. Une vraie candidature de premier tour. Comme sans doute celle de Pagani.

A gauche comme à droite, il y a trop de candidatures pour que l'on puisse éviter un deuxième tour. Il va donc falloir choisir. Ou laisser d'autres choisir à notre place. On serait dans une élection générale, on voterait pour les trois candidats qu'on vient de citer : Walder, Pagani, Baudouï. Mais il n'y a qu'un siège à repourvoir. Il faut donc choisir celui de ces trois candidats qui a le plus de chances de maintenir à gauche son troisième siège, et aux Verts leur seul siège, presque trente ans après qu'ils aient réussi à un conquérir un avec Robert Cramer... Ce candidat, c'est Nicolas Walder. Parce que c'est lui qui est le mieux placé. Et qu'on n'a pas pour rêve politiquement vaniteux de laisser le PS représenter à lui seul toute la gauche, et de laisser deux socialistes face à cinq élus de droite. Comme du temps de Chavanne et Donzé. Il y a plus de soixante ans...

ça ne nous rajeunit pas -mais a-t-on vraiment envie de rajeunir pour en revenir, même pour trois ans, au temps où on construisait à tour de bétonneuses des cités "satellite" tout autour de Genève, qu'on n'avait aucune conscience des enjeux climatiques, qu'on remplaçait les trams par des bus et qu'on laissait la bagnole envahir l'espace urbain ?   

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