Fonds de tiroir

 L'été dernier, le Tribunal fédéral confirmait la décision du canton de Genève d'interdire une procession dans les rues genevoises à l’occasion de la Fête-Dieu et à l'initiative de la «Fraternité Saint-Pie X» (des cathos intégristes). Et on retombe en triant nos archives sur la réaction de l'Abbé Jean de Loye, du Prieuré St-François de Sales (et de la Fraternité intégriste), qui se dit «consterné» par la décision du TF. Et montre surtout qu'il ne comprend rien (ou plutôt ne veut rien comprendre) au principe constitu-tionnel genevois de laïcité, sur quoi se sont fondées les justices genevoise et fédérale. La procession a été interdite parce qu'elle était organisée par un acteur, l'Oratoire St-Joseph, qui refuse de signer la charte que les organi-sations religieuses doivent signer pour être autorisées à manifester dans l'espace public. Et si l'Oratoire refuse de signer, c'est parce que cette charte affirme la primauté de l'ordre juri-dique suisse sur toute référence reli-gieuse ce qui pour nos intégristes rendrait du coup la religion «a priori suspecte». On se demande bien pour-quoi, chacun sachant que les religions sont des viviers de fraternité, de respect de l'autre, d'acceptation des différences, tout ça. Saint-Barthélémy, priez pour nous... 

Vous êtes un peu patraque, ou vraiment malade ? Buvez de l'eau du Léman, elle soigne tout: la Com-mission internationale pour les eaux du Léman a annoncé qu'au moins 60 tonnes de substances médicamenteuses s'y trouveraient. Et sans doute plus, parce que sur 2000 substances con-nues, on ne peut en rechercher qu'une cinquantaine dans le lac. Mais comment elles y sont arrivées, celles qu'on y a trouvé? Ben... par nos urines. Parce qu'une fois qu'on les a ingérées, c'est comme ça qu'on les rejette -or les stations d'épuration ne sont pas conçues pour toutes les filtrer.  Et c'est donc ainsi qu'on retrouve dans la flotte lémanique, qui abreuve d'eau potable plus d'un million d'habitants, la metformine, un antidiabétique, et des antibiotiques. Et en plus, 100 tonnes de plastique par-viennent chaque année au lac. On a donc dans le Léman des médica-ments et des emballages. C'est plus un lac, c'est une pharmacie... A propos du nom de laquelle on va pouvoir joyeusement s'étriper: sur l'application Apple Maps, le nom «Léman» a été remplacé par celui «Lac de Genève» -alors que le lac de Genève n'est que la partie occidentale du Léman, entre Genève et la pointe d'Ivoire. Au-delà, ça s'est appelé jusqu' au XVIIIe siècle «Lac de Lausanne». Et le Léman, alors? Ben c'est simple: c'est l'addition des lacs de Genève et de Lausanne. Et «Léman», en vieux celte, ça veut tout simplement dire «lac». Il n'y a donc pas de «lac Léman», parce que ça voudrait dire le «lac Lac». C'est clair, non? Ouais, comme l'eau du lac.

Trois copines avaient, début juillet, l'intention de se faire un petit resto, au Rooftop42, au centre ville. Elles ont pas pu. Parce que l'une d'entre elle portait un voile, ou un foulard (on sait pas trop) et que le vigile de faction lui a interdit l'entrée, parce que «tout couvre-chef est interdit au sein de l'établissement». Les trois copines de-mandent des explications, un employé les lui donne : le resto n'autorise «ni voile, ni kippa, ni casquette». Un borsalino ou un bérêt ou une chapka non plus ? On sait pas. Ce qu'on sait, c'est que le gérant du lieu fait dans le zemmourisme sur les réseaux sociaux et y reprend la théorie du «grand remplacement». Les propriétaires de l'établissement, en revanche, présen-tent leurs excuses à la jeune fille refoulée, et assurent n'avoir jamais adopté de «règles discriminatoires quand à l'entrée dans l'établis-sement». Autrement dit, l'interdic-tion des couvre-chefs c'est une initiative du gérant. Sur qui plane désormais la lourde menace d'un petit remplacement : le sien. 


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