Fonds de tiroir
Le 1er juin, à Berne, la finale de la Coupe de Suisse de foot voyait s'affronter le FC Bienne et le FC Bâle. Les cortèges de supporters de chacune des deux équipes, écrit «Le Matin Dimanche», ont laissé derrière eux «des rues jonchées de canettes, de bouteilles plastiques ou de tessons de verre», un supporter bâlois a été grièvement blessé et a perdu sa jambe. La routine, quoi : des échauffourées, voire des affrontements, se produisent régulièrement lors de matchs de foot, de toutes les ligues (y compris les plus modestes). Et on ne sait pas comment les empêcher, ni comment «éloigner les ultras violents des stades de foot» (à part, évidemment, jouer les matchs à huis-clos ou les annuler). Il y a bien une base de donnée qui recense les supporters violents (HOOGAN), où 918 d'entre eux sont recensés, dont 357 sont interdits de stade, mais de toute évidence, ça ne suffit pas -et une bon-ne partie des violences se déroulent d'ailleurs hors du stade, dans les rues, avant ou après les matchs. Il est éga-lement proposé d'émettre des billets nominatifs en cas de matchs à risque, la «Swiss Football League» (en globish dans le texte, forcément) est contre, et les clubs aussi. Parce qu'elle et eux ne veulent pas éloigner le public des stades. C'est vrai que ça serait dom-mage, l'avant et après match, ça met de l'animation dans des quartiers pas forcément très animés quand il n'y a pas de matchs. C'est bien ça, le «vivre ensemble» promu par le sport, non ?
Il n'existe plus, depuis la suppression de la ligne Zurich-Lugano en 2019 (et avant elle de la ligne Genève-Lugano) qu'une seule ligne aérienne intérieure en Suisse: celle qui relie, en 45 minutes ou une heure, les aéroports de Genève et de Zurich. Mais elle est contestée par la gauche et les écolos qui il y a cinq ans, demandaient de la supprimer -ce que le Conseil fédéral avait refusé, pour préserver l'attractivité du «hub«» de Zurich, 85 % des vols le reliant à Genève étant en fait des transfert, Zurich n'étant qu'un arrêt de transit -y compris vers des destinations pour lesquelles un trajet depuis Genève serait plus court et plus bref, comme Athènes... Mais cette ligne intérieure ne représente que 2 % des vols au départ de la Suisse -sa suppression ne poserait donc guère de problèmes à ses usagers, qui peuvent parfaitement prendre le train (le trajet dure trois heures, mais du centre-ville au centre-ville, pas d'un aéroport à un autre). Donc, la ligne perdure. Et on se demande toujours pourquoi, à part faire plaisir à l'aéroport de Zurich...
Selon un sondage Tamedia de septembre dernier, 84 % des Suissesses et des Suisses voudraient que soit interdite la récolte rémunérée de signatures pour des référendums et des initiatives (comme elle l'est, pour les rémunérations à la signature, depuis trois quarts de siècles à Genève...). Et l'opposition à cette pratique trans-cende les âges, les genres, les origines, les lieux de résidence, les niveaux de formation et les opinions politiques : 82 % des sympathisants de l'UDC, 83% de ceux du PLR et des Verts, 85 % de ceux du PS et 89 % de ceux du Centre seraient partisans de l'inter-diction des récoltes rémunérées. Ce n'est pas que la population veuille restreindre l'exercice des droits dé-mocratiques en les réservant aux gran-des organisations, et en les rendant inaccessibles aux petits comités, c'est au contraire qu'elle veut leur redonner tout leur sens. Imposer que des signatures soient récoltées par des gens connaissant et défendant réel-lement le texte et l'enjeu pour lequel ils et elles les récoltent Et faire en sorte qu'on soit réellement dans un processus démocratique, porté par des militants, et pas dans un processus mercantile porté par des démarcheurs. Voire des falsificateurs de signatures . On peut rêver, non ?
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