OUI à l'Initiative populaire "pour un canton qui marche"
A pied (d'oeuvre)
Le 28 septembre, dans le copieux menu des votations fédérale et cantonales, il y a à Genève une initiative populaire "Pour un canton qui marche", l'IN 192, qu'on vous invite vivement à soutenir (en refusant le contre-projet acratopège pondu par la droite) : elle vise à donner la place qu'il mérite au seul mode de déplacement urbain qui rend réellement celui ou celle qui en fait son mode de déplacement privilégié, et n'est pas privé.e de cette possibilité, plus libre que les utilisateurs de tous les autres modes de déplacement : la marche. Que toutes celles et tous ceux qui le peuvent, physiquement, utilisent -ne serait-ce que pour sortir de leur voiture, entrer dans un bus ou descendre de leur deux roues. Qui ne nécessite aucun autre carburant que la nourriture qu'on prend de toute façon, aucun autre équipement que celui dont on fait usage de toute façon (habillement, chaussures). Qui est certes a priori plus lente que les autres modes de déplacement, mais souvent plus rapide que les voitures, les bus ou les trams pris, les uns par les autres, dans des embouteillages. Qui ne nécessite ni parkings, ni garages, ni (ou pas encore) de permis ou d'assurance obligatoire.
"Renverser la hiérarchie" dans le partage de la rue urbaine.
L'architecte Jean-Marc Lamunière invitait à "renverser la hiérarchie" dans le partage de la rue urbaine. Autrement dit, à en finir avec l'inégalité de la répartition des modes de déplacement dans l'espace public. Vaste programme : cette hiérarchie, cette inégalité, ont un siècle d'existence pesante, et procèdent non d'une fatalité mais du choix délibéré de reléguer piétons et cyclistes à la périphérie des voies de circulation pour laisser l'automobile circuler librement en contenant les autres usagers de la route là où ils la gêneront le moins : à Genève, si 40 % des déplacements se font à pied, l'espace réservé aux piétons ne pèse que 18 % de l'espace voué aux déplacements.
Lorsque les villes étaient essentiellement piétonnes, elles étaient les lieux d'une mixité sociale plus forte que depuis que l'automobile y règne en maîtresse, et que l'éloignement d'une partie de la population -la plus riche et la plus pauvre- y a favorisé à la fois la ségrégation résidentielle et la ségrégation fonctionnelle. La piétonnisation est un moyen de revenir sur cette double ségrégation -à condition d'en avoir la volonté politique. L'initiative "pour un canton qui marche" y incite : pour un coût annuel de 40 millions (moins de 10 % de l'enveloppe affectée aux mobilités), elle demande de développer des cheminement piétons coordonnés entre eux, continus et sécurisés, reliant les quartiers entre eux, de nouvelles zones piétonnes ou à priorité piétonne, le renforcement des accès piétons aux gares et aux nœuds de transports publics. Elle demande enfin de garantir l'accessibilité universelle aux aménagements piétons, afin qu'ils soient facilement accessibles et utilisables par les personnes à mobilité réduite, et de garantir que les réseaux cyclables et piétons soient conçus pour être complémentaires, et non fusionnés. Ces propositions relèvent de l'évidence autant que de la nécessité -mais la majorité de droite du Grand Conseil a trouvé judicieux de leur proposer un contre-projet insignifiant, se contentant de demander que l'on "tienne compte" des besoins des personnes handicapées, ce à quoi les lois en vigueur obligent déjà...
La marche est le plus autonome (et le plus ancien) de tous les modes de déplacement humain, et quand tous les autres s'immobilisent, elle reste le seul auquel on peut avoir recours. Elle réduit le bruit, la pollution, les embouteillages. Elle est bonne pour la santé, le lien social, les commerces de proximité et la vie de quartier. C'est ce mode de déplacement qu'il faut, systématiquement, privilégier dans l'aménagement des villes, comme celle de Genève. Et ça tombe bien : c'est précisément ce que l'IN 192 propose. Et que le contre-projet ignore. Volontairement.
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