Soutenir les ouvriers et ouvrières agricoles sud-africains
Les damnés de la vigne Ils et elles triment pendant des années dans les vignes pour des salaires assurant à peine la survie de leur famille, et risquent d'un jour à l'autre de perdre leur emploi et leur maison : Deux millions de personnes ont été expulsées des plantations, des vergers et des vignes d'Afrique du Sud ces dernières années. Telle est la situation des travailleurs et travailleuses agricoles sud-africains, décrite par leur syndicat CSAAWU. Pourtant, il y a douze ans, au terme d'une grève massive et victorieuse, ces damnés de la terre avaient obtenu une hausse des salaires -mais les employeurs les ont remplacés par des machines, et quand ce n'était pas possible, les ont licenciés pour les réengager à titre temporaire. Et pour aggraver encore leur sort, des pesticides interdits en Europe sont importés et utilisés en Afrique du Sud sans qu'en soient informé.e.s ni protégés les ouvrières et ouvriers agricoles qu'ils rendent malades, ni les familles des enfants allant dans les écoles voisines des vignobles touchés par les pulvérisations de ses saloperies, dont on ne s'étonnera même pas d'en trouver une de fabrication suisse (par Syngenta), le paraquat, un herbicide qualifié par l'OMS d'"herbicide le plus toxique de l'après-guerre", .
Le SOLIFONDS lance un appel à soutenir le syndicat CSAAWU dans son travail d'organisation, de défense, d'information et de formation des travailleuses et des travailleurs de la terre sud-africaine : prenons part à ce soutien !
SOLIFONDS - mail@solifonds.ch - www.solifonds.ch - PC 80-7761-7
Les pesticides, la sueur, les larmes... et le vin
En 2012, après une grande grève de cinq mois, les ouvrières et ouvriers agricoles sud-africains avait obtenu une augmentation de 52 % des salaires, et le principe de son augmentation annuelle. Mais beaucoup de grévistes avaient ensuite été licenciés, et des emplois fixes transformés en emplois temporaires ou saisonniers sous payés, sans protection contre les licenciements, et auxquels sont affecté.e.s les migrant.e.s (souvent en situation irrégulière et constamment menacée.s d'être expulsé.e.s) et les femmes, vouées ensuite à des violences sexuelles. Quant aux employés fixes, puisqu'il y en a encore, comme ils sont le plus souvent logés dans les exploitations, la perte de leur emploi provoque la perte de leur logement, et leur expulsion, souvent violente par les propriétaires -qui louent ensuite les maisons des anciens travailleurs comme logements de vacances. Les travailleuses et les travailleurs devenus sans domicile se retrouvent devoir habiter des abris de fortune sans eau courante dans des bidonvilles.
On ne comprendrait pas comment cette situation peut perdurer dans une Afrique du Sud libérée de l'apartheid si on ne remontait pas dans le passé du pays : en 1913, la loi "Native Land" a généralisé l'appropriation des terres qui appartenaient aux "Noirs", et les "Blancs" représentant 20 % de la population sont devenus propriétaires de 80 % des terres. Puis, en 1948, l'instauration du régime de l’apartheid a permis de faire de la population "noire" une réserve de main d'oeuvre à bon marché pour les mines et l'agriculture, de lui imposer un statut proche du servage, et de la parquer dans des des townships et des bantoustans. La fin de l'apartheid aurait dû aboutir à une vaste réforme agraire en même temps qu'à une égalité des droits sociaux et politiques, mais le gouvernement de l'ANC, misant sur la vente volontaire, au prix du marché, des grandes propriétés, seul le tiers des redistributions promises a pu être effectué. Et dans le secteur agricole, les rapports de force sont restés fondamentalement les mêmes que sous le régime d'apartheid.
L'agriculture sud-africaine est une agriculture intensive pour pouvoir être un secteur d'exportation. Pour pouvoir être intensive, elle fait un usage massif des pesticides, y compris de ceux qui, chez nous, sont interdits. Pour pouvoir être exportatrice, elle doit avoir des coûts de production les plus bas possibles, et donc traiter le plus mal possible celles et ceux qui produisent, les travailleuses et les travailleurs : les payer le moins possible, ne plus les loger, les priver de droits sociaux même de ceux qui leurs sont légalement garantis.
Le syndicat CSAAWU appelle à la solidarité internationale : "les gens qui consomment du vin sud-africain doivent connaître nos conditions de travail". Car dans ce vin a, même sans qu'on le perçoive, le goût des pesticides, de la sueur et des larmes.
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