Election partielle au gouvernement genevois : Que sera, sera...
Election partielle au gouvernement genevois : Que sera, sera...Plus des deux tiers du corps électoral cantonal genevois se sont abstenus de choisir entre lescandidats à la succession d'Antonio Hodgers. Une abstention massive, mais pas exceptionnelle (elle fut à peu près du même niveau en 2021, lorsque Fabienne Fischer avait été élue contre Pierre Maudet). Au premier tour,le Vert Nicolas Walder était arrivé en tête, mais avec une avance de seulement de 5500 voix sur l'udéciste Lionel Dugerdil, dans un canton qui, sauf accident, élit majoritairement à droite. Notre candidat se retrouve donc au final avec une avance du même ordre après un affrontement basique entre un candidat de gauche et un candidat de droite, arbitré par un hypothétique "centre", dont le candidat (Xavier Magnin) appelait à voter pour le candidat de l'UDC alors que son parti et les Verts libéraux laissaient la "liberté de vote". Finalement, c'est la mobilisation de l'électorat le plus actif, le plus partisan, le plus sensible à l'enjeu (faire perdre leur siège aux Verts ou en offrir un, pour la première fois, à l'UDC) qui a fait le résultat. Et cet électorat le plus mobilisé fut celui de la gauche. Et on en est fort contents, même si on ne se préparait ni à festoyer parce que les Verts restaient au gouvernement cantonal, ni à déprimer parce que l'UDC y entrait (en montant sur l'escabeau PLR). Et on est fort contents que Nicolas Walder ait finalement obtenu une majorité absolue des suffrages exprimés. Et fort contents que la Ville de Genève à elle seule lui aurait permis d'être élu, et forts contents qu'en réalité elle fut rejointe par une dizaine de communes, et presque toutes les villes genevoises, dans ce choix. Pour le reste, on avait dimanche matin un Conseil d'Etat à majorité de droite, on a toujours, dimanche soir, un Conseil d'Etat à majorité de droite. Au moins jusqu'aux élections de 2028. Que sera, sera.
Les villes ont fait l'élection
Les élections sont des batailles -et comme toute
bataille, les seules qu'on perd à coup sûr sont celles qu'on
renonce à livrer. Comme disait le vieux Sun Tzu, "C'est
lorsqu'on est environné de tous les dangers qu'il n'en faut
redouter aucun". Et être prêt à parer à tous. Comme, par
exemple, l'élection d'un udéciste au gouvernement du canton le
moins udéciste de Suisse. Une élection qui ne pouvait être
envisagée que si toute la droite démocratique ("centre"
compris), à quelques dissidents et
dissidentes et à LJS, près,
se dissolvait dans un petit calcul électoral médiocre pour le
gain d'un demi-mandat parasitaire et de l'attente d'un retour
d'ascenseur (le soutien de l'UDC aux candidat du PLR, du MCG et
du "Centre") en 2028... Hypothèse révoquée par l'électorat
actif. Parce que si l'électorat socialiste,
vert et de la gauche de la gauche a bien voté "compact" en
faveur de Nicolas Walder, et les électeurs UDC
et, sans doute, MCG, en faveur de Lionel Dugerdil, il n'en a
vraisemblablement pas été de même des électeurs du PLR, dont une
partie semble n'avoir tout simplement pas voté, ou voté blanc,
ou nul, ou Oberson, et moins encore des électeurs centristes et
Verts libéraux, qui ont abondamment usé de la liberté de vote
que leur accordait leur parti, et dont ils disposaient de toute
façon...
Mercredi, dans la "Tribune de Genève", le président du PLR, Eric Ciotti, appelait à voter pour le candidat de l'UDC et la Conseillère administrative Marie Barbey-Chappuis, pour le candidat des Verts, en expliquant qu'elle avait ainsi voté "pour une Genève humaniste, ouverte sur le monde et durable. Et parce que parfois, les valeurs que l'on porte comptent plus que la couleur politique". Respectable. Et vraisemblablement gagnant. Mais difficilement audible plus à sa droite. Par exemple au PLR, ou du côté droit du "Centre"... La prise de position publique de Marie Barbey-Chappuis ne fut pas la seule à prendre au sérieux la "liberté de vote" princièrement accordée par les trois quarts des des délégués du parti à ses électeurs : sur la même ligne qu'elle, on saluera par exemple les choix publics de Jean-Luc von Arx, de Bertrand Buchs, d'Yves Herren et de Boris Calame, en faveur du candidat Vert (on ne voit évidemment pas comment des Verts libéraux auraient pu aider en quoi que ce soit à l'élection d'un candidat ni vert, ni libéral). A contrario, quelques ténors (ou falsettistes ?) "centristes", dont le président du parti ("nous sommes du centre droit, donc plus proches de la droite que de la gauche"... au risque d'être surtout plus proches de nulle part...) s'étaient, eux, ralliés à la candidature udéciste, comme leurs donneurs d'ordre : la Chambre de commerce et les syndicats patronaux. Alors même que dans un communiqué, le Centre assurait qu'il ne se résignait pas "à la polarisation" et qu'il continuerait à la combattre, la majorité de son groupe parlementaire et son candidat à l'élection appelait à la renforcer en soutenant le candidat de l'UDC... seul candidat auquel le parti s'adressait en l’appelant à "convaincre l'électorat"...
Il y aura donc toujours trois élu.e.s de gauche contre quatre de droite au gouvernement genevois (la gauche s'était contentée de deux élus pendant 35 ans. Elle avait du même se contenter d'un seul élu pendant les vingt ans qui précédaient, et d'aucun élu à deux reprises en 75 ans...), l'électorat actif ayant fait une petite exception à sa douce habitude de voter à gauche après avoir élu, le cas échéant, à droite. Dimanche à une heure de l'après midi, on avait toujours à Genève le même paysage politique qu'à une heure du matin : un gouvernement cantonal de droite et une Municipalité de gauche. De sorte que la Ville et les villes resteront, avec le peuple convoqué par référendum, un contre-pouvoir décisif aux errements cantonaux. D'ailleurs, même si, arithmétiquement, l'avance de Nicolas Walder dans les urnes de la Ville de Genève (mais aussi de celles de Carouge) aurait suffi à son élection (dans ces deux villes, il obtient la majorité absolue des suffrages, et dans les quartiers populaire de la Ville, parfois le triple, voire même plus, des suffrages de celui de la droite), il est en tête dans dix communes, dont presque toutes les villes (Le Grand-Saconnex faisant exception). Nicolas Walder n'est donc pas un Conseiller d'Etat imposé par Genève et Carouge au reste du canton, mais l'élu du canton au gouvernement du canton...... pardon : de la République...
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