Fonds de tiroir

 On n'est pas encore le 1er novembre, mais en tombant par hasard sur une vieille info et en regardant par la fenêtre jaunir les feuilles des arbres du cimetière d'en bas de chez nous, on se dit que le Conseiller national vert valaisan Christophe Clivaz avait eu une bonne idée en proposant d'au-toriser un nouveau mode d'inhuma-tion: assurer la décomposition natu-relle des corps pour qu'ils redevien-nent terre, en les déposant, sans cercueil et en ayant retiré tout ce que le corps contient de non-naturel (comme les pacemakers et les prothèses) sur un lit de matière végétale et en les recouvrant de la même matière. Après quoi, y'a plus qu'à attendre que la nature (l'eau de pluie et les insectes, notamment) fasse son oeuvre et qu'il ne reste plus que des os, qu'on peut ensuite broyer et remettre en terre. Et tout ça fait du terreau façon compost. Actuellement, cette pratique est in-terdite, mais elle est ou va être étudiée par des parlements (le Conseil municipal de la Ville de Genève a accepté une motion en ce sens et un cimetière de la Ville de Genève a déjà instauré un «quartier naturel» où seuls des matériaux d'inhumation dégradables sont autorisés. Le Conseil fédéral a répondu à la motion Clivaz, qu'il a refusée, en se défaussant précisément sur les cantons et les communes (les modes d'inhumation ne sont pas une compétence fédérale). Qui hésitent. C'est dommage, parce que faire de la bonne terre après sa mort, c'est quand même une perspective plutôt positive. Bon, allez, on va parler d'autre chose. ça va, pour vous, les encore vivants ?

Le 7 mars 2021, la majorité du peuple (surtout alémanique, sub-urbain et rural) et des cantons (surtout alémaniques) acceptait l'initiative pour l'interdiction de se dissimuler le visage dans l'espace public. L'initiative concernait tou-tes les pratiques de dissimulation du visage, mais la campagne avait surtout porté sur l'interdiction du voile intégral, dit «islamique» -on ne parlait d'ailleurs que d'une initiative «antiburqa», alors que les hooligans et les manifestants radi-caux étaent aussi concernés. L'initiative est entrée en vigueur le 1er janvier de cette année, et il est désormais prohibé en Suisse de dissimuler le visage. Avec quelles conséquences concrètes? Bof, pas grand'chose: trois contraventions en six mois à Genève (toutes en Ville), aucune dans le canton de Vaud, «pratiquement» aucune dans celui de Berne, quatre en Ville de Zurich, aucune à Saint Gall. Certes, il y en eut 60 au Tessin entre 2016 et 2020 (le Tessin avait déjà une loi cantonale interdisant la dissimu-lation du visage), mais dans la majorité des cas, il s'agissait de hooligans. Bref, la majorité du bon peuple et des cantons à voté une loi qui ne sert à rien, sauf, assure la PLR vaudoise Jacqueline de Quattro (un phare), à «préserver nos valeurs judéo-chrétienne». Contre les hooligans? 

On a beaucoup (mais pas encore assez) parlé de la rémunération stratosphérique de grands patrons et dirigeants de grande entreprises suisses... en décembre dernier, le magazine «Bon à savoir»,  élargis-sait le débat sur la goinfrerie des chefs à ceux de certaines ONG parmi les plus honorables : 284'000 francs par an pour le directeur de la Fondation pour les paraplégiques, 200'000 francs pour le patron du WWF... Du coup, on a une pensée admirative pour le directeur (on dit pas le «général»?) de l'Armée du Salut, qui en est autour de 60'000 balles. Quelque part au niveau du plus bas salaire de la fonction publique municipale genevoise. L'Armée du Salut est à la fois une organisation charitable et une asso-ciation religieuse -et qu'elle  respecte ses propres commandements, ça mérite un peu de respect, non ?

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