Gaza : Butchery as usual

 

Négociations indirectes entre Israël et le Hamas : trompe-l'oeil ?

Après deux ans de massacre à Gaza, succédant à celui du 7 octobre en Israël, il reste des otages, vivants ou morts, dans les mains du Hamas. Et sans doute des milliers de morts sous les décombres d'une ville détruite, s'ajoutant aux 66'000 morts recensés. Et des milliers d'otages dans les prisons israéliennes -car la plupart des prisonniers palestiniens en Israël ne sont rien d'autre que cela : des otages. Dans les très incertaines négociations indirectes qui se déroulent à Charm-el-Cheikh, les preneurs d'otages (le Hamas et Israël) prévoient d'échanger ceux que détiennent encore les uns contre une partie de ceux que détiennent les autres. Des négociations de paix, cela ? Non : des négociations de marchands de bestiaux, pendant lesquelles négociations bombes, missiles,  obus de chars continuent de pleuvoir sur Gaza et le sud-Liban et d'y tuer. Butchery as usual... 

Jusqu'au 19 octobre, la Maison de Quartier de la Jonction programme une "quinzaine palestinienne". Programme sur https://mqj.ch/

Il y a toujours pire que ce qu'on croyait être le pire

On revient sur l'arraisonnement, prévisible et d'ailleurs prévu, par Israël de la flottille de solidarité avec la population de Gaza, qui tentait de briser le blocus imposé au ghetto de Gaza par Israël et d'amener une aide humanitaire à celles à celles et ceux qui s'y trouvent entassés, affamés et bombardés. Les participants de la flottille  ont été arrêtés par les forces israéliennes et incarcérés dans la prison, ou le camp, de Ketziot, dans le désert du Néguev -une prison, ou un camp, dénoncé pour les conditions de détention qui y prévalent (violences physiques et psychologiques, privations de soins, restrictions à l'assistance juridique). L'arraisonnement de la flottille s'étant fait en grande partie dans des eaux internationales, ou des eaux territoriales palestiniennes, il est évidemment illégal. C'est un pur acte de force. Samedi dix participants à la flotte ont été libérés, et ont regagné la Suisse dimanche. Ils ont témoigné de leurs brutales conditions de détention (ils et elles ont été contraints à rester de longues heures à genoux, giflés,insultés, certains privés de médicaments). Ils ont aussi témoigné de leur inquiétude pour les milliers de palestiniens détenus sans charges et sans procès en Israël, et pour leurs camarades encore détenus (et qui, à l'heure où on écrit, auraient été libérés).  Celles et ceux qui ont pu rentrer en Suisse ont dénoncé "l'inaction totale de la Suisse et du Département fédéral des Affaires étrangères". Ils n'ont pas demandé la démission du Conseiller fédéral Ignazio Cassis : ç'eût été inutile -il a en réalité démissionné depuis des années de tout courage politique. En revanche, le message des militants de Soumoud est passé : il n'y a rien à attendre, sinon sa condamnation, d'un gouvernement israélien qui considère comme un acte "terroriste" la tentative d'amener du lait maternisé et de la farine à Gaza.

Pendant ce temps, le Hamas et Israël négocient, indirectement puisqu'ils ne se reconnaissent pas comme des interlocuteurs légitimes et que s'ils n'ont pas besoin d'intermédiaires pour se tuer, ils en exigent pour se parler. Ils négocient sur la base d'un plan préparé par les conseillers de Trump et que le président étasunien s'est attribué. Ce plan prévoit un cessez-le-feu, la libération de ses otages, morts ou vifs, par le Hamas et celle de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens d'Israël, le retrait progressif de l'armée israélienne de Gaza et le désarmement du Hamas -lequel ne s'y livrerait certainement que pour la galerie, mais s'est dit d'accord de libérer ses otages à la condition qu'Israël cesse ses opérations dans la bande de Gaza, ce qu'Israël refuse. Israël refuse également de se retirer de la majeure partie de la bande de Gaza, qu'elle contrôle déjà aux trois quarts, alors que Trump avait assuré que le gouvernement Netanyahou avait accepté d'y limiter sa présence à une bande  de 3,5 kilomètres au maximum. Trump a fait savoir qu'il ne "tolérera aucun retard" dans "son" "plan de paix". Evidemment, le Prix Nobel de la Paix sera décerné vendredi et il rêve de l'obtenir... 

Les frappes et l'opération terrestre israéliennes contre la ville de Gaza ont encore tué soixante personnes samedi. Et deux autres au Sud-Liban.  Netanyahou menace d'"anéantir" le Hamas, que Trump menace de l'"enfer" s'il n'acceptait pas "son" plan... Mais après deux ans de guerre, le Hamas est toujours là, dispose toujours de 10'000 combattants et ne disparaîtrait de Gaza que pour renaître ailleurs, ou être remplacé par des factions encore plus radicales et violentes que lui -car il y a toujours pire que ce qu'on croyait être le pire, plus haineux encore que ce qu'on croyait être la pire des haine. Surtout quand ce pire et cette haine, on les a produits tout en clamant qu'on voulait les éradiquer.

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