Refus de la droite d'entrer en matière sur le budget de la Ville de Genève? Bof...


On n'avait sonné ni le glas, ni le tocsin parce quand le Conseil administratif de la Ville prévoyait dans son projet de budget un déficit de 62 millions, qui aurait presque été absorbé par les recettes si elles n'avaient pas été réduites par les cadeaux fiscaux cantonaux. Ni glas, ni tocsin parce qu'un projet de budget n'est pas un budget, qu'un projet de budget puis un budget, ne sont que des autorisations de dépenses fondées sur des hypothèses de recettes, et que la situation réelle de la collectivité publique n'est donnée que par ses comptes. Et on faisait «confiance à la droite municipale, aléatoirement coagulée de l'UDC aux Verts libéraux, pour refuser d'entrer en matière sur le projet» du Conseil administratif. On ne prenait pas grand risque à l'annoncer. Et il n'y a pas grand danger à ce refus. La vie politique municipale ne s'est pas arrêtée lundi en fin d'après-midi. Le projet du Conseil administratif est refusé d'entrée? Le Conseil administratif en présentera un autre. Qui pourra (c'est ce qu'immodestement, on lui suggère) ressembler com-me deux gouttes de Gamay au premier. De toute façon, un budget, la Ville en aura un. Ce sera le budget 2026 qu'adoptera le Conseil municipal (et contre lequel on pourra lancer un référendum en contestant ses lignes les plus atteintes), ou, à défaut, le dernier budget qu'il aura adopté -celui de 2025, découpé en douze tranches mensuelles. 

Pour la sélection à la finale du  grand concours de «la droite la plus bête du monde», la droite genevoise a toutes ses chances 

La droite municipale a refusé d'entrer en matière sur le projet de budget 2026 ? On n'en attendait rien d'autre, et ce n'est pas la première fois qu'elle refuse de faire le travail pour lequel les conseillers et conseillères municipales (y compris les siennes et les siens) ont été élu.e.s : débattre, modifier et adopter le budget. 


Et maintenant ? Le Conseil administratif devra proposer un nouveau budget. S'il ressemble au premier, la droite n'aura que le choix de se déjuger ou de refuser d'étudier le deuxième projet pour les mêmes déraisons qu'elle a refusé d'étudier le premier. Et si ce deuxième projet ressemble à ce que la droite espère, attend ou propose (à supposer qu'elle soit capable de proposer quoi que ce soit) et est finalement adopté, ce sera la gauche qui s'y attaquera, au Conseil municipal puis devant le peuple, par référendum comme ce fut le cas lorsque la droite était déjà majoritaire au Conseil municipal. Ces référendums furent tous gagnés par la gauche. Le sort réservé aux «lois corsets» par le peuple, il y a deux semaines, laisse assez peu de doutes sur celui qu'il réserverait à un budget de droite qui couperait dans les dépenses sociale et culturelles de la Ville... Et puis, quand la droite renâcle devant l'obstacle d'un débat démocratique au Conseil municipal, il faut bien que la gauche le lance dans la population. 


Etre majoritaires dans une instance (le Conseil municipal de la Ville ou le Grand Conseil de la République, par exemples), comme l'est la droite genevoise quand elle se coagule du «centre» à l'extrême-droite,  ne sert pas à grand'chose si on ne sait pas quoi faire de cette majorité. Sinon, à Genève, espérer être sélectionnés pour la grande finale du grand concours de «la droite la plus bête du monde». Avec de bonnes chances d'au moins réussir dans cet exercice-là. 

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