Second tour de l’élection complémentaire au gouvernement genevois : Clapotis dans le marais
Le second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat, le 19 octobre, verra se confronter le Vert Nicolas Walder, sur une liste Les Vert.e.s-Les Socialistes, à l’UDC Lionel Dugerdil (sur une liste rebaptisée "Alliance droite et centre-droit" sans mention de l'UDC, histoire de pouvoir ratisser un peu le marais et faire voter quelques batraciens dont c'est l'écosystème politique), et Philippe Oberson, représentant "Le Peuple d’abord". Et lui ensuite. Mais ni le candidat de la gauche ni celui de la droite de la droite n'ont obtenu assez de voix pour pouvoir se dire favori de l'élection, de sorte qu'une bonne partie de ce qui sera l'électorat actif dans deux semaines, votants blancs (près de 5400) et électeurs des "petit candidats" (plus de 6000) devra faire ce qu'il a toujours grand'peine à faire : un choix, l'électorat passif se contentant de laisser l'actif décider à sa place. D'où les clapotis qui font (un peu) frémir le marais. Il y a deux sortes d'urnes : électorales ou funéraires
On ironisait hier méchamment (vu qu'on a mauvais fond) sur la marécageuse prise de non-position du «Centre» pour le deuxième tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat, qui voit s'affronter un UDC et un Vert, entre lesquels le Centre a refusé de choisir (tout en exprimant dans un communiqué alambiqué une préférence marquée pour l'UDC : le "centre", ce n'est pas "ni gauche, ni droite", c'est "ni gauche, ni gauche"). Les Verts libéraux font le même non-choix, mais en le justifiant autrement et en demandant aux deux candidats (pas seulement à celui de l'UDC) de donner "des garanties fortes" sur notamment "les questions d'humanisme" et "d'ouverture de la Genève internationale" -des garanties qu'on voit mal un candidat UDC donner sans se foutre ouvertement de la gueule du monde. N'empêche, ils ont eu raison de s'allier, les «centristes» et les verlibes : ils sont faits de la même frangipane.
Au premier tour, le Vert Nicolas Walder soutenu par le PS était arrivé en tête, devant l'UDC Lionel Dugerdil soutenu par le PLR, qui avait relégué le "centriste" Xavier Magnin à une troisième place ne lui laissant pratiquement aucune chance d'être élu au deuxième tour, et qui s'était donc retiré de la course (comme en 2023), en appelant à voter pour l'udéciste -son parti laissant aux électeurs une "liberté de vote" dont ils disposent de toute façon, comme tous les électeurs de tous les partis. Ne restent donc au deuxième tour que le candidat de la gauche -de toute la gauche, puisque la gauche de la gauche lui a apporté son soutien et le candidat de la droite de la droite, soutenu par toute la droite, officiellement (par le PLR et le MCG) ou hypocritement (par le "Centre"). Et le seul des candidats indépendants qui ait maintenu sa candidature, Philippe Obserson.
La présidente des Verts genevois, Maryam Yunus Ebener, appelle à un "front républicain face à l'isolationnisme", c'est-à-dire à une droite opposée à la libre circulation des personnes, dont le candidat est celui d'un parti obsédé par la fermeture des frontières et partisan d'un repli identitaire. L'UDC a eu beau rebaptiser sa liste d'un nom passe-partout, son candidat est bien à l'image du parti qui le présente, et le "centriste" Xavier Magnin" a beau justifier le soutien qu'il lui apporte en estimant "qu'il faut se concentrer sur les points communs à droite pour faire avancer Genève" (la faire avancer vers où ? Le golf de Mar-a-Lago ?), on voit mal ce qui peut y avoir de commun entre le trumpiste de Satigny et le démo-chrétien de Plan-les-Ouates, sinon que le deuxième renonce à chercher des points commun entre un "centre" hypothétique et une droite très à droite pour ne plus en chercher que là où il se situe lui-même : à droite. Mais sans le dire. C'est d'ailleurs une habitude : quand on est à droite, on dit qu'on est au centre et quand on est à l'extrême-droite, on dit qu'on est de droite. Le PDC s'est rebaptisé "le Centre", le PLR se dit de "centre droit", l'UDC se dit "de droite"... Et les uns et les autres appellent, comme le président du PLR, à une "union forte du centre et de la droite" derrière le candidat de l'extrême-droite, après avoir tenté (sans y parvenir) de le dépasser au premier tour, et disent de leur adversaire qu'il est à l'extrême-gauche. A "l'extrême-gauche", donc, Nicolas Walder ? On se marre...
Le Conseiller municipal vert libéral, et chef du groupe centriste au Conseil municipal de la Ville de Genève, Yves Herren, rappelait la ligne des verlibes en Ville : pas d'alliance avec l'extrême-droite, parce qu'on a rien de commun avec elle, sinon le fait de siéger dans la même enceinte et, parfois, de voter avec elle en commission ou en plénière... On aurait pu attendre le même positionnement de la part du "centre" cantonal... ç'eût été d'un optimisme excessif, et oublier de quoi est fait le marais.
Il y a deux sortes d'urnes : électorales ou funéraires. Le marais a toujours confondu les deux.
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