Second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat : A dans une semaine, sans masque

Donc, il n'y a plus de candidat UDC au Conseil d'Etat, plus qu'un candidat d'une improbable «Alliance de droite et de centre-droit» : Lionel Dugerdil. Un UDC qui se présentait comme tel au premier tour dans un honorable accès de franchise mais qui sait que s'il en faisait autant au deuxième tour, il ne pourrait pas recruter dans le marais du  «centre-droit» les suffrages dont il a besoin pour gagner.  En face de ce candidat d'extrême-droite qui se présente comme un candidat de droite et de centre-droit (alors que le «centre droit» ne présente personne et laisse la liberté de vote) il y a un candidat de gauche, Nicolas Walder, qui ne se présente pas comme un candidat de «centre gauche» mais comme le candidat qu'il est : celui des Verts et du PS. La gauche n'avance pas masquée, elle. Elle a, nous avons, un peu plus d'une semaine pour avancer, sans masque,  jusqu'à l'élection de Nicolas Walder.


Aux portes du gouvernement de la République, Post Lucem Tenebrae 

Le 28 septembre, Nicolas Walder a certes été porté en tête du premier tour de l’élection complémentaire du Conseil d’État. Mais il y eut 60 % d'abstention, et le second tour du 19 octobre s’annonce serré, et l'UDC, portée par le soutien du PLR (sans lequel elle ne ferait à Genève que de la figuration politique) et les lâchetés du "centre" est aux portes du gouvernement de la République. Post Lucem Tenebrae. 

Si le candidat de l'UDC veut faire oublier de qui il est le candidat, Nicolas Walder, on le redit, n'avance pas masqué : il est le candidat des Verts et des socialistes, soutenu par la gauche de la gauche. Cela dit, le patronat non plus, n'avance pas masqué : alors qu'il se divisait au premier tour entre le candidat "centriste" Xavier Magnin et le candidat de... disons la droite de la droite, Lionel Dugerdil, il se rassemble pour le deuxième tour derrière le rescapé de la droite. Et tant pis pour la liberté de circulation, les accords avec l'Union Européenne, la Genève internationale, et les broutilles de ce genre : les syndicaux patronaux (qui soutenaient au premier tour le candidat "centriste") et la Chambre de commerce (qui soutenait les trois candidat de droite... pour un seul siège vacant) soutiennent au deuxième tour le candidat de l'UDC. Parce que ce qui importe, c'est l'austérité budgétaire (la "maîtrise des charges"), les cadeaux fiscaux (une "fiscalité attractive"), des "infrastructures de qualité" (payées par qui ?) et une "vision libérale de l'économie" (mais pas de la société). L'UDC, c'est aussi l'initiatrice d'un texte « J’y vis j’y paie ») qui  prévoyait de siphonner  les ressources fiscales des communes, à commencer, évidemment, par celles de la Ville de Genève au profit notamment de Cologny et Vandoeuvres. Un texte balayé par le peuple en mai. L'UDC, c'est aussi le parti qui voulait mettre la police au dessus des lois avec un projet « Je protège la police qui me protège » lui aussi balayé dans les urnes, il y a deux semaines. 

A gauche, l'ASLOCA invite à voter (comme on vient de le faire) pour le candidat des Verts et des socialistes, Nicolas Walder dont la "présence au Gouvernement et à la tête du Département du territoire permettrait une politique active de défense des locataires", qu'il s'est d'ailleurs engagé à mener, alors que Lionel Dugerdil est le candidat d'un parti qui est "le principal moteur (des) attaques  contre la protection des locataires, (de) la pression pour affaiblir le droit du bail et le contrôle des loyers". La Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS) appelle également à voter pour Nicolas Walder et à "faire barrage à l'extrême-droite (...) d'autant plus (...) que la Fédération des entreprise romande (FER) la soutient". Ce soutien au candidat de l'UDC signifie en effet soutenir un parti qui "se place systèmatiquement contre toute régulation du marché du travail" et s'oppose au salaire minimum, aux "mesures d'accompagnement à la libre circulation (et à) la libre circulation elle-même". Un parti qui, "à Genève, tente de faire porter la responsabilité de la pénurie de logements et toutes sortes de maux sociaux sur les migrants", s'est opposé à l'opération de régularisation Papyrus et défend une politique qui produira, si elle est menée, "davantage de clandestins". 

Nicolas Walder reçoit aussi le soutien du Maire d'Annemasse, ce qui évidemment fait hurler l'UDC et le MCG. Ce soutien, Christian Dupessey ne le donne pas à Nicolas Walder comme on lance un appel à voter, mais comme on rappelle à qui ne veut toujours pas l'entendre que "25'000 Genevois vivent du côté français de la frontière" et que "nous travaillons presque tous les jours avec le Conseil d'Etat, qui doit comprendre des élus voulant œuvrer pour le meilleur équilibre possible au sein du Grand Genève", ce qui est le cas de Nicolas Walder mais pas du candidat d'un parti qui "est celui des restrictions et du repli sur soi". 

Après tout, Annemasse est à Genève : la moitié de sa population active y travaille, elle est plus proche de Genève que ne le sont Versoix, Chancy ou Satigny, et il y a sans doute plus de Genevois et de Genevoises à Annemasse qu'à Satigny... au "Courrier" de vendredi qui demande aux deux candidats au Conseil d'Etat genevois, l'UDC Lionel Dugerdil et le Vert Nicolas Walder : "Comment envisagez-vous les liens entre notre canton et la France voisine ?" l'udéciste répond, par une autre question : "Pourquoi vouloir absolument travailler avec la France voisine ?"... euh... peut-être justement parce qu'elle est voisine. Tellement voisine, même, qu'elle est bien plus voisine que la Suisse et que Genève, en réalité, est une enclave suisse en France, comme Céligny une enclave genevoise dans le canton de Vaud... Des fois, faut juste savoir regarder une carte...



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