Soutenir l'achat de la Campagne Masset par la Ville de Genève
Une campagne de la Ville
Le 30 novembre, les Genevois et voises de la Ville se prononceront sur l'achat par la Ville de la campagne Masset, pour 21,5 millions (après que le canton ait refusé de le faire en 2023). Le référendum politicard (électoraliste) de la droite et du "Centre" (de droite) contre cet achat ayant abouti, l'occasion de racheter cet objet, de créer un parc public dans un quartier qui en a besoin, de préserver une maison de maître de valeur patrimoniale incontestable, et d'affecter ce lieu à un usage public, risque d'être perdue si le peuple municipal ne la saisit pas. Un collectif d'habitantes.e.s et d'associations du quartier s'est constitué pour soutenir cet achat, que soutiennent également les partis de gauche et que la Ville de Genève envisageait déjà en 1968. L'idée de faire de cette campagne une campagne de la Ville est donc une idée ancienne -mais à laquelle l'évolution du quartier donne désormais une urgence nouvelle.
Un besoin auquel répondre et un droit à prendre
Acheter la Campagne Masset, son parc et sa maison de maître, comme cela sera proposé le 30 novembre au corps électoral municipal de Genève, cela se justifie pour les offrir à la population, et les sortir du champ de la spéculation immobilière, mais aussi pour des raisons de justice sociale et environnementale, climatique : l'accès à des espaces végétaux les plus naturels possible doit pouvoir être garanti à toutes et tous, aux habitantes et aux habitants de tous les quartiers -et pas seulement aux propriétaires de villas.
En parlant de la campagne Masset, on parle d'un espace de trois hectares et demi dans un quartier et pour des quartiers qui vont être parmi les plus denses de la ville la plus dense de Suisse. Les quartiers de la Concorde, de Michée Chauderon et des Eideguenots sont en pleine densification, leur population totale va plus que tripler d'ici quelques années par rapport à 2015, en passant de 1750 à 6400 habitants, et atteindre une densité comparable à celle des Pâquis. Or les espaces verts de ces quartiers sont restreints et déjà saturés. Les trois hectares et demi de la campagne Masset seront un espace de respiration : entourés d'immeubles d'habitation, d'écoles et d'une résidence pour personnes âgées, les trois hectares et demi de la Campagne Masset, qui donnent sur le sentier menant aux berges du Rhône, ils pourront répondre à des besoins évidents des habitants des quartiers voisins. Les faire acquérir par la Ville se justifie pour leur en offrir l'usage, mais aussi pour les sortir du champ de la spéculation immobilière, les préserver comme espaces naturels -et préserver un patrimoine bâti.
Rendre à la collectivité des espaces comme la campagne Masset n'est pas un coup de folie du Conseil municipal : après que les terres communes qui entouraient Genève jusqu'à la fin du XVIIIe siècle aient été progressivement privatisées, transformées en grands domaines privés -comme, précisément, la Campagne Masset, dès le début du 20e siècle, la Ville s'est réapproprié progressivement, par des achats ou grâce à des dons, les grands domaines privés qui existaient encore sur son territoire (comme celui des Eaux-Vives), et en a fait des parcs publics. Il n'y a aucune raison pour que ce mouvement s'arrête, alors que les besoins collectifs de tels espaces, eux, s'accroissent. La Ville a certes réussi ensuite à créer de nouveaux petits parcs (ou de grands squares) publics (Gourgas, Acacias, Baud-Bovy), mais sans réussir à répondre aux besoins d'une population et d'une densification croissantes, dans un contexte social d'inégalité entre une minorité aisée habitant dans des quartiers bien pourvus en espaces verts et la population de quartiers surdensifiés et surchauffés en été.
L'achat de la Campagne Masset peut enfin être compris, et revendiqué, comme l'expression d'une volonté de la Ville de renforcer sa propre maîtrise du foncier : c'est la condition d'une politique d'urbanisme et d'aménagement répondant à la fois à l'urgence sociale et à l'urgence environnementale, aux besoins sociaux et aux besoins environnementaux. Une politique dont, de toute évidence, la droite ne veut pas -parce que les couches sociales dont elle est l'instrument politique n'en ont pas le besoin -et se contrefoutent que d'autres en aient le besoin, et en prennent le droit.
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