Achat par la Ville de la Campagne et de la Villa Masset : Foncièrement juste
Dimanche*, on saura si la Ville de Genève aura reçu de ses habitant.e.s l'autorisation d'acheter, pour 21,5 millions, la Campagne Masset à son propriétaire actuel. Le Comité unitaire pour le "Oui" au Parc Masset rassemble (sans les partis politiques) associations d'habitants du quartier (mais aussi des Pâquis), de parents d'élèves, de défense de l'environnement (Pro Natura, WWF), du patrimoine (Patrimoine Suisse, Patrimoine Vivant), de la mobilité douce (Mobilité piétonne, actif-trafiC), ainsi que la Maison de quartier de St-Jean, l'AVIVO, le SIT, la Communauté genevoise d'action syndicale, la Fédération suisse des architecte paysagistes, et on en passe... Tous, comme les partis de gauche et le MCG, défendent l'achat de la Campagne Masset, pour des raisons environnementales, sociales, urbanistiques. Nous y ajoutons une raison politique -au sens le plus fort du terme (ce qui en soi la différencie des médiocres calculs politiciens de la droite) : la volonté de renforcer la maîtrise (insuffisante) par la Ville de son propre espace, en ajoutant aux parcs et aux maisons historiques dont elle est déjà propriétaire l'espace vert et la villa de maître de la Campagne Masset. Comme l'écrivaient dans "Le Temps" de samedi dernier les urbanistes Kyle Ogaard et Emmanuelle De Planta, "la votation ne porte pas seulement sur un parc, mais sur la capacité des villes à gérer leurs ressources foncières". L'achat de la Campagne Masset par la Ville serait donc aussi, et peut-être surtout, un acte foncièrement juste. *Il est trop tard pour envoyer votre bulletin de vote par la poste, il vous reste donc à vous rendre dans le local de vote de votre quartier pour le déposer délicatement dans l'urne...
Remettons à tous ce qui était à tous avant d'être raflé par quelques uns
Qu'est-ce que le Conseil municipal demande à la Ville achète pour 21,5 millions (prix maximum : une autorisation de dépense n'est pas une obligation de tout dépenser) ? Un parc de 3 hectares et demi et une maison de maître. Pour en faire quoi ? Pour ouvrir le parc à toute la population, pour affecter la villa à des activités, des services, des offres utiles à la population. Ceux qui s'y opposent trouvent que ça coûterait trop cher. Soyons sérieux : vous en trouverez beaucoup, à Genève, des propriétés de 3 hectares et demi en pleine ville, donnant sur le Rhône, avec une maison de maître du XVIIIe siècle, classée, le tout pour à 630 francs le mètre carré en pleine ville ? En 2024, le prix moyen d'une seule maison, sans environnement végétal, atteignait à Genève 15'259 francs le m2 en moyenne cantonale. Plus de vingt fois plus ce que coûterait l'achat de la Campagne Masset et de sa Villa, l'un des derniers espaces naturel de cette taille et de cette qualité en Ville. Et on rappellera, un peu fatigués de devoir le répéter depuis des semaines à des gens et à des partis qui n'ont toujours pas compris, ou refusent de comprendre, que cet achat est un investissement (et, donc, un apport à la fortune de la Ville), et qu'en tant que tel, il est sans effet sur le budget 2026 et son déficit... creusé par les baisses de ressources fiscales soutenues par les mêmes partis et les mêmes gens qui l'invoquent pour refuser un investissement.
La Campagne Masset, facilement accessible depuis l'avenue d'Aïre et depuis les berges du Rhône, se trouve dans un quartier (Charmilles, Concorde, Saint-Jean) de plus en plus densifié (on n'est pas loin du kilomètre carré le plus dense de Suisse), dont la population va tripler en moins d'une génération, dont les écoles et les lieux de rencontre sont saturés et qui manque d'espaces verts. Son achat par la Ville répond donc à un besoin. Il répond aussi à une volonté politique de ne pas laisser des espaces comme celui-là être raflés par des privés, pour des usages privés, mais de les remettre au public et à des usages d'utilité publiques. Comme cela a été fait, par la Ville, du Bois de la Bâtie il y a plus de 150 ans, du Parc Mon Repos il y a 127 ans, du Parc des Eaux-Vives il y a 112 ans... Et comme le proposait déjà pour la Campagne Masset le Plan Braillard de 1935...
Les opposants à cet achat veulent que la Campagne et la Villa Masset restent privées, en mains de privilégiés ? Nous, nous voulons qu'elles reviennent à la Ville, non pour constituer un apport de fortune (encore que ce sera le cas), mais pour renforcer la maîtrise de la Ville sur son propre espace, pour que la population en fasse usage s'agissant de ce qui deviendra un parc public, et que la Ville elle-même en fasse usage s'agissant de la villa. Et ce serait comme une réparation, une réappropriation -celle d'un espace dont une partie était, quand les grands bourgeois ont acheté le domaine au XVIIe siècle, un grand pré communautaire, et pas un jardin privé. Au fond, on ne veut qu'une chose : que revienne à tous et toutes (sans privilège...) ce qui était à tous avant d'être raflé par quelques uns...



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