Fonds de tiroir

 Incarcéré mardi à la Santé, Nicolas Sarkozy se la joueait Edmond Dantès : chuis innocent, chuis victime d'un complot, la France est humiliée en ma personne, pourquoi tant de haine ? Bon, on se calme, Nico avait quand même droit à des conditions d'incarcération privilégiées, n'était qu'un des dizaine de milliers de taulards en France, et n'était même pas le seul ancien chef d'Etat français à se retrouver détenu (y'a eu Pétain, Napoléon, Louis XVI), sans parler d'un roi en titre (François Ier) et de  trois futurs présidents de la Républi-que (Louis-Napoléon Bonaparte, De Gaulle, Mitterrand). Et on doit en oublier. Et puis, hein, de toute façon il allait pas y passer des années, en prison, alors se prendre pour un futur compte de Monte-Christo, c'était tromper sur la marchandise.  Ou alors, fudrait, maintenant qu'il est sorti de zonzon, qu'il aille jusqu'au bout: ruiner un banquier, poussre un général au suicide, envoyer un procureur en prison et faire buter un truand par un autre, ça pourrait au moins faire un roman. 

A la fin du mois (le 15...), on fait l'inventaire de notre petite monnaie. Et on tombe sur ces trois infos : d'abord, celle que la pièce suisse de dix centimes est la plus ancienne pièce de monnaie encore en circulation dans le monde puisqu'elle a été mise en circulation en 1879. Bon, dix centimes, en 1879, ça devait bien valoir l'équivalent de dix balles aujourd'hui, mais à moins de tomber précisément sur une pièce de 1879, on aura de la peine à payer notre paquet de tabac à pipe avec. Ensuite, que la pièce de cinq centimes coûte six centimes et demi à fabriquer. Autrement dit, c'est quasiment un cadeau qu'on nous fait en la mettant en circulation. Comme on en a un paquet, on va essayer de les négocier à leur prix coûtant. On peut toujours rêver. Enfin, que le billet de mille francs suisse est le billet en circulation qui a la plus haute valeur d'échange dans le monde. ça fait longtemps qu'on en a pas mis dans notre porte-monnaie, mais on est quand même fier que le billet qui vaut le plus, aujourd'hui c'est un billet de chez nous. Parce que notre billet de deux millions de marks de 1923, on a eu beau essayer de le fourguer au bureau de change du Crédit Suisse, on y est jamais arrivé... Pourtant, les investis-sements à la con, le Crédit Suisse, il n'y rechignait pas... 

Est-ce que quelqu'un a des nouvelles de La Clairière, la prison genevoise pour mineurs ? En avril dernier, elle était toujours en crise : absentéisme de 20 % à 28 % selon les secteurs, nombreux éduc's en arrêt maladie et quatorze départs au sein de l'équipe éducative, activités des détenus an-nulées, agents de détention devant remplacer les éducateurs... En 2022, la prison avait connu un mou-vement de grève. En décembre, une nouvelle direction avait débarqué, avec un management vite considéré par le personnel comme excessive-ment «contrôlant» avec une vision «éloignée du terrain» et un «manque d'écoute» du personnel... Et tout ça avec de nombreux détenus souffrant de troubles du comportement ou de problèmes psychiques, et en absence de préparation des jeunes à leur sortie de prison. Alors quoi, on en est où à la Clairière? On s'inquiète... c'est pas qu'on cultive la nostalgie du temps où on y séjournait, mais vous savez ce que c'est : là où on a vécu quand on est jeune, quelque part au tréfonds du fond de soi-même, on a des attaches qui ont laissé des traces...

La SSR avait ouvert la voie de l’obsolescence programmée comme ligne générale d'une entreprise publi-que en supprimant la diffusion des radios publiques en FM, Swisscom continue sur la même voie imbécile en débranchant à la fin de l'année le réseau 3G de téléphonie mobile, rendant obsolètes et inutilisables en Suisse, même pour les appels d'urgen-ce, des milliers d'appareils, surtout en mains de personnes aux revenus modestes. Des gens de peu qui comptent peu, quoi. Et les vieux smartphones, sortis entre 2010 et 2015, les vieilles tablettes, les pre-mières montres connectées, les an-ciens modems et routeurs, ne servi-ront plus à rien non plus. Au total, 2 % de tous ces appareils seront à jeter. Ou à récupérer pour être revendus à très bas prix à l'étranger, là où on pourra toujours émettre et recevoir en 3G. L'impact sera moindre, évidemment, que celui de la fin de la FM qui  fait perdre à la SSR le quart de son audience, mais le signe est le même : celui d'une connerie.

En triant les articles de presse traitant, avant que le peuple n'en décide, de la suppression de l'im-position de la valeur locative, on en retrouve qui présentent non pas l'objet lui-même mais les ressources financières dont disposent les deux camps de la campagne. Et qui révèlent que le camp favorable à cette suppression disposait de sept  millions de francs investis par l'Association des propriétaires im-mobiliers -le budget de campagne le plus élevé depuis qu'ils doivent être déclarés. En face, les opposants ne disposaient que de vingt fois moins (350'000 francs, pour la plus grande partie fournis par le PS). Alors, vu le résultat (l'approbation de la propo-sition d'abolir cet impôt), on pour-rait se dire que le pognon a fait le vote. C'est évidemment un peu plus compliqué que ça, mais quand le rapport entre les ressources des deux camps est de un à vingt, on suppose que ça a quand même joué un rôle. Même si ça n'est pas une règle que ceux qui dépensent le plus dans une campagne de votation finissent par la gagner (en fait, ces dernières années, c'est plutôt le contraire qu' on constate...). Alors quoi, y'aurait un peu de morale dans le débat politique ? Faut croire... ou espérer...

L'Albanie a depuis le 12 septembre une nouvelle ministre: Diella, mi-nistre d'Etat pour l'intelligence arti-ficielle, nommée par le Premier mi-nistre Edi Rama. Tellement pour l'intelligence artificielle qu'elle est elle-même produite par l'IA, et tota-lement virtuelle. L'opposition de droite tempête: la nomination d'une ministre virtuelle produite par l'IA est anticonstitutionnelle. Réponse de Diella, c'est-à-dire de l'IA: «le véri-table danger pour les Constitutions n'a jamais été les machines, mais les décisions humaines prises par des personnes au pouvoir». Pas conne, l'IA... c'est pas elle qui va gueuler «Enver, reviens»...


Commentaires

Articles les plus consultés