Election du Procureur Général de Genève : Un choix politique
Arrivant au terme de son deuxième mandat (il a été élu en 2011), le Procureur général de Genève, Olivier Jornot, est candidat à sa réelection. Et pas seulement parce qu'il n'a pas encore réussi à avoir la peau de Pierre Maudet. Face à lui, pour l'élection de mars prochain, un candidat de gauche : Pierre Bayenet. L'élection du Procureur sera bien un choix politique, entre la gauche et la droite. Et ici, on soutient la candidature de Pierre Bayenet, et on espère que le parti socialiste en fera autant (contrairement à 2014) parce que Genève n'a pas besoin d'un Procureur Général qui remplit les prisons de gens qui n'ont rien à y faire et utilise sa fonction pour régler des comptes personnels et/ou politiques, mais d'une autre politique pénale et carcérale. Et donc d'un autre Procureur Général. Et donc de Pierre Bayenet. Le PS décidera la semaine prochaine de soutenir ou pas Pierre Bayenet. Mais quoi que le parti décidera, des socialistes soutiendront le candidat de gauche contre le candidat de droite. Comme on soutient un choix de société contre un autre.
Une élection politique, pas une nomination administrative, ni un pavois corporatiste
Ce n'est pas le directeur des ressources humaines du Palais de Justice que les Genevois et voises éliront en mars, c'est le Procureur Général de l'auguste, quoique parvulissime, République. Une élection politique, pas une nomination administrative, ni un pavois corporatiste. Il y a deux candidats à ce poste : un candidat de droite, Olivier Jornot, et un candidat de gauche, Pierre Bayenet, qui a clairement situé sa candidature dans la dénonciation de la chasse aux sans-papiers, du bourrage de la prison, de la restriction du droit de manifester. de la pénalisation de tous les comportements déviants de la norme majoritaire, de la définition de l'efficacité de la machine judiciaire en fonction du nombre de personnes incarcérées (Genève en détient le record suisse). Sur tous ces thèmes, les socialistes ont tout de même quelque chose à dire. Et donc un candidat à soutenir. Un candidat pour lequel, quoi qu'il en soit du résultat de l'élection, des dizaines de milliers de Genevoises et de Genevois vont voter. Et en votant pour Pierre Bayenet, refuseront de considérer la prison comme l'alpha et l'omega de la réponse aux déréglements sociaux, refuseront de considérer la mendicité comme un crime, refuseront que la prison soit utilisée comme centre de rétention d'étrangers en situation irrégulière, refuseront que le droit de manifester ne soit plus qu'un droit princier.
Le Procureur général personnifie la Justice. Non la justice comme principe, la Justice comme appareil d'Etat. Il n'est pas étranger à l'Etat, indépendant de lui, au-dessus de la politique, il en est l'instrument. Il est notamment responsable de ce que l'Etat fait ou ne fait pas de la prison. Au poste qu'il occupe, il est politiquement responsable de ce qui se passe dans le champ qu'il couvre. Responsable de la surpopulation carcérale, parce que c'est lui qui l'alimente. Et que c'est un choix politique.
La candidature de Pierre Bayenet impose une élection démocratique, la campagne pour Pierre Bayenet impose un débat politique, prendre part à ce débat est un acte politique, et y prendre part en soutenant Pierre Bayenet est un choix politique. Nous ne politiserons pas une élection politique en soutenant un candidat, on reconnaîtra qu'elle est politique. Et celle-là l'est. Nous ferons une campagne politique en soutenant pour des raisons politiques un candidat de gauche contre un candidat de droite à un poste politique. Et meilleur sera le résultat de Pierre Bayenet (à plus forte raison s'il était élu), meilleur sera le rapport de forces politique qui pourra permettre d'infléchir, voire de changer radicalement, la politique carcérale et judiciaire dans une République que nous ne nous résignons pas à voir transformée en la plus grande concentration carcérale de Suisse.
Dans la "Tribune de Genève", Olivier Jornot plaide pour son troisième mandat par ces mots : "Je ne suis pas fatigué". Nous non plus. Sauf de lui.



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