Fonds de tiroir

 Nul, dans nos pays (parce qu'il y a quand même des endroits où on s'en contrefout), n'a pu l'ignorer, tant ça a fait tintamarre médiatique: le réputé plus grand, célèbre et visité (légale-ment) musée du monde, le Louvre, a été la cible le 19 octobre dernier d'un braquage aussi audacieux que specta-culaire: quatre malfrats audacieux ont pénétré dans le musée en plein jour,  sous les yeux du public, grâce à un camion-nacelle qui leur a permis, en huit minutes chrono, de grimper par l'extérieur dans une galerie et d'y dé-rober pour 88 millions d'euros de «bijoux de la couronne» des derniers souverains français ou de leurs épouses. On en a bien rigolé chez nous, vu qu'on aime bien rigoler des Français quand ils ont un peu l'air penauds. On a moins rigolé un mois plus tard quand un braquage moins spectaculaire et un peu plus brutal, mais tout aussi efficace, a eu lieu au Musée romain de Vidy, à Lausanne : deux malfrats étaient entrés dans le musée comme visiteurs et avaient acheté leurs billets d'entrée, attendu le départ des derniers visiteurs, immo-bilisé un gardien, fracturé une vitrine et raflé les pièces d'or romaines du IIe siècle qu'elle contenait. On ne connaît pas la valeur du butin, on se doute qu'elle n'atteint pas celle du casse du Louvre, mais du coup on trouve le casse français moins amusant depuis qu'on se dit qu'il a peut-être inspiré le casse suisse. Et qu'une fois de plus, on a été devancés par les Frouzes. 

On regarde déjà de moins en moins la RTS dans la petite et la moyenne Genève (la Vile et le canton), on va la regarder de moins en moins dans la Grande Genève, puisque la RTS, jamais à court d'une idée géniale, a décidé de ne plus assurer sa diffusion sur la TNT (la télé numérique par câble) dans la partie française de la Grande Genève, sous prétexte que la Groupement local de coopération transfrontalière (GLCT) et le Pôle métropolitain auraient décidé de ne la soutenir. Ce que les deux instances démentent, puisque le GLCT accepte d'y investir 90'000 francs pendant deux ans, le temps de concocter une solution durable. Mais apparemment, la RTS ne veut rien savoir: la «Grande Genève» (mais aussi la petite et la moyenne) pour elle, c'est l'étran-ger, un coin où on dit «quatre-vingt» comme des Frouzes (ou des Neuchâ-telois ou des Jurassiens) quand il faut dire «huitante» pour parler comme la télé vaudoise. Un effet du déména-gement à Lausanne sans doute. Bon, de toute façon, nous, on a décidé de désormais dire «octante«». Parce que c'est plus logique: dans sept ans, on sera octogénaire, pas huitante-naire. Et on espère bien être encore capable de couvrir un octave et pas un huitave au piano avec une seule main. Et d'écrire des poèmes en octosyllabes, et pas en huitosyllabes. Et de se rendre à des spectacles ou des concerts à l'Octogone, pas au huitogone. Na !

Si vous avez de l'argent à foutre en l'air ou l'envie de vous torcher avec autre chose que du papier de chiotte, dès le 10 décembre vous pourrez trou-ver en librairie (enfin, pas forcément toutes, y'en a encore qui ont une idée de leur métier un peu plus exigeante que celle de vendre un truc pareil) le «Journal d'un prisonnier» de Nicolas Sarkozy. Un truc écrit sur ses 20 jours de gnouf. Et publié par un éditeur de la galaxie Bolloré, et donc de la droite de la droite catho. Pondre un «journal d'un prisonnier» après même pas trois semaine de zonzon, on n'y avait pas pensé -on en aurait pondu plusieurs volumes au temps de notre frétillante jeunesse (et même plus tard...). Dire que ni Bonivard, ni Blanqui, ni Dreyfus n'ont eu l'idée de publier un témoignage sur leurs années de dé-tention... S'ils l'avaient fait, Sarko aurait l'air encore plus minable qu'il a aujourd'hui, à se prendre pour Pellico, Gramsci ou Solyénitsyne...


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