"Initiative pour l'avenir" : Le Tiers Etat sera pour...
Il ne vous reste plus que cinq jours pour voter par correspondance OUI à l’initiative "pour l’avenir" -après ces cinq jours, il vous faudra vous rendre au bureau de vote, dimanche matin 30 novembre. Ne serait-ce que pour faire mentir les sondages, selon qui l'initiative "Pour l'avenir" n'obtiendrait que le tiers des suffrages... Et alors, être le Tiers Etat, c'est bien être "pour l'avenir", non ? Et puis, le tiers des suffrages, c'est le poids de la gauche dans ce pays, aujourd'hui (une majorité de socialistes, une plus forte majorité des Verts, soutiendraient d'ailleurs l'initiative, que les jeunes, les urbains, refusent moins massivement que la moyenne). L'initiative a donc une base. Et chaque pourcent supplémentaire dans le score de l'initiative sera un élargissement de cette base, qui en a bien besoin, d'être élargie... On connaît, ou on devrait, la célèbre proclamation de Siéyès, à l'aube de la Révolution majuscule : "Qu'est ce que Tiers Etat ? Tout. Qu'est-il aujourd'hui ? Rien. Que veut-il être ? Quelque chose". On paraphrasera l'abbé : Qu'est-ce que le tiers de l'électorat ? une minorité. Que veut-elle être ? Une majorité. Pourquoi ? Parce qu'elle défend, "une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement" et qu'elle le défend pour (presque) toutes et tous, sans privilège.
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La loi fédérale donne à la Suisse un délai d'ici 2050 pour ramener ses émissions de gaz à effet de serre à zéro. Et la Confédération dispose pour atteindre cet objectif de deux milliards par an. Une dotation largement insuffisante pour adapter le pays au réchauffement climatique et assurer la transition énergétique sans dégrader les conditions et les moyens d'existence de la majorité de la population. Car la question environnementale est une question sociale : à qui faire payer le prix des transitions et des adaptations nécessaires ? A ceux qui en ont les moyens, répond l’initiative de la Jeunesse Socialiste. Et qui sont en outre les plus responsables (et coupables) des atteintes les plus graves à l'environnement. L'initiative propose donc un impôt sur les grosses successions et donations, celles qui dépassent les 50 millions. Ce qui excède ce montant, posé comme une franchise, serait taxé à 50 %, les autres 50 % restant aux héritiers (en plus des premiers 50 millions). Il n'y a donc pas vraiment à craindre de paupérisation des possédants : on n'est pas dans la dékoulakisation, on est dans l'application du principe "pollueur-payeur": les plus riches des riches (les "super-riches") émettent chacun en quelques heures plus de CO2 (et en émettent de plus en plus) qu'un Suisse moyen pendant toute sa vie (et il en émet de moins en moins)...
L'initiative pourrait rapporter entre 4,3 et 6 milliards de francs par année, répartis à raison des deux tiers pour la Confédération et d'un tiers pour les cantons. Des ressources devant être utilisées pour répondre à la crise climatique "de manière socialement juste", ce qui ne va évidement pas calmer les inquiétudes des possédants, d'autant qu'il est aussi question, dans le texte proposé, de "permettre la transformation de l'ensemble de l'économie", et de prendre des mesures contre l'évasion fiscale ou le départ de Suisse des gros contribuables. On comprend donc leur inquiétude, à ces futurs boat people lémaniques. Ils sont combien, d'ailleurs, les testateurs concernés ? Selon les estimations de l'Administration fédérale des contributions (AFC), seuls 2500 contribuables en Suisse disposeraient d'une fortune supérieure à 50 millions de francs (totalisant 500 milliards) pouvant être taxée selon les dispositions de l'initiative -qui ne concernerait donc qu'une toute petite minorité des contribuables : les plus riches d'entre les plus riches, dont on peut douter qu'ils prendraient tous la fuite, avec fortunes et bagages si l'initiative était acceptée...
Les opposants à l'initiative (la droite, le patronat, le Conseil fédéral, les gestionnaires de fortune, les notaires, les héritiers présomptifs...) dressent en effet une liste apocalyptique des plaies qui s'abattront sur notre beau pays si d'aventure il prenait à ses citoyennes et citoyens l'envie de "faire payer les riches" : fuite des capitaux, réduction des investissements, délocalisations ou fermetures des entreprises, augmentation des impôts, chômage -et on en passe... Dans la brochure officielle, les zautorités fédérales, en fait de présentation objective, reprennent les éléments de langage des opposants et chantent le même requiem -son dies irae, pas son libera me: "une grande partie des personnes concernées, dont des entrepreneurs, pourraient donc quitter la Suisse. Le nouvel impôt risquerait en outre de dissuader d'autres personnes fortunées de s'installer en Suisse".
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