"Pour des soins dentaires accessibles à toute la population" : Indispensable

Le 30 novembre, les Genevois et voises sont appelé.e.s à se prononcer sur une initiative socialiste proposant d'accorder un "chèquee dentaire" annuel de 300 francs pour les bénéficiaires de subsides d'assurance-maladie, ainsi qu'un plan d'action de prévention et de dépistage des affections dentaires et que la création d'un poste de médecin-dentiste cantonal chargé de piloter ce plan. A cette initiative populaire, la majorité de droite du parlement cantonal oppose un contre-projet acratopège qui ne reprend (mais en la réduisant à un enfonçage de portes ouvertes) que la proposition d'un plan d'action, sans poste qui lui soit dédié et sans chèque annuel pour les patients les moins fortunés. La droite appelle donc à refuser l'initiative et à accepter le contre-projet. On n'en attendait pas moins d'elle. Une raison de plus de soutenir l'initiative, parce qu'elle est indispensable, et de refuser le contre-projet, parce qu'il est vain. 


Ne plus avoir à choisir entre faire ses courses ou aller chez le dentiste

Comme on le sait, l'assurance-maladie de base ne prend pas en charge les soins dentaires (sauf les arrachages de dents). Pour qu'ils soient pris en charge, il faut conclure une assurance complémentaire, hors d'atteinte financière des plus modestes d'entre les assurés, dont beaucoup renoncent donc à des soins : à Genève, c'est le cas d'une personne sur quatre -une proportion en augmentation constante. Ou alors, ils s'endettent. Ou se font soigner à moindre coût en France voisine -mais même ce moindre coût est encore hors de portée pour nombre d'entre eux. Ne pas soigner sa dentition quand elle en a besoin, laisser les caries la dévaster et les gencives se rétracter, n'avoir de recours que se faire arracher les dents atteintes, cela signifie un risque accru pour la santé. Les soins dentaires ne sont pas plus une affaire privée que n'importe quels autres soins : c'est une question de santé publique. Mais en Suisse, la population doit payer, en moyenne, 90 % des frais des soins dentaires -c'est presque le double de la moyenne européenne. Et ça pèse de plus en plus lourd, quand les primes d'assurance-maladie et les loyers ne cessent de s'alourdir. 


L'initiative socialiste propose un chèque annuel de 300 francs pour les 130'000 bénéficiaires de subsides d'assurance-maladie,  à faire valoir auprès d'un.e médecin dentiste ou d'un.e hygiéniste dentaire. Elle propose également la création d'un poste de médecin-dentiste cantonal.e, Genève étant l'un des derniers cantons à ne pas s'en être doté, et l'adoption d'un plan de promotion de la santé bucco-dentaire (prophylaxie, coordination des soins)

Quant au contre-projet, il propose audacieusement de faire ce qui se fait déjà, ou de ne faire qu'à moitié un peu de ce que proposait l'initiative, mais en le rendant le moins efficace possible. Et il renonce au chèque de 300 francs, parce que trop de gens pourraient en bénéficier puisque trop de gens en auraient besoin, et que donc ça coûterait "trop cher". Il renonce aussi à la nomination d'un médecin-dentiste cantonal, pour proposer que ce soit le médecin cantonal qui se charge du contrôle des soins dentaires. En plus de tout ce dont il a déjà la charge. Et il réduit le plan d'action proposé par l'initiative à un soutien "ciblé" de mesures d"e prévention et de soins "selon un catalogue que l'Etat aura établi". Un alibi pour ne rien faire tout en faisant semblant de vouloir faire quelque chose, parce qu'il fut faire croire qu'on sert à quelque chose.


Le syndicat SIT résume l'enjeu : : "il n'est pas normal que le quart de la population d'une des villes les plus riches du monde doive choisir entre faire ses courses ou aller chez le dentiste". Aux majorités parlementaire parlementaire et gouvernementale qui, elles, trouvent cela parfaitement normal, il n'y a qu'une réponse à donner : celle d'un "oui" le plus massif possible à l'initiative, et d'un "non" le plus clair possible au contre-projet de la droite. 


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