Projet de budget 2026 : faire payer à la Ville les conneries du canton
Nous ne sommes pas "déçus", nous devons être combatifs !
Entravé par un canton qui ne rêve que de faire payer ses propres conneries aux communes , le Conseil administratif de la Ville présente un projet de budget (le deuxième, après le refus du premier par la droite) qu'on est bien obligé de qualifier de "budget d'austérité" (coupes dans les subventions, notamment culturelles, ratiboisage des fonds de solidarité internationale et d'aide humanitaires, suspension des mécanismes salariaux de la fonction publiques). Le déficit budgétaire de la Ville pourrait se situer à un peu plus de 69 millions, sept millions de plus que le premier projet de budget, vingt millions au-delà que ce que la Ville pourrait assumer assumer sans réduire ses prestations ni ses engagements à l'égard de son propre personnel. Mais il ne s'agit pas d'une "austérité" choisie : il s'agit d'une austérité imposée par le cadre cantonal. Le Conseil administratif explique que son projet "est contraint par une revue à la baisse des prévisions fiscales". Les socialistes se disent "déçus". On le serait à moins, quand on attend de la part d'une Municipalité de gauche un projet de budget de gauche. Nous, ici, on n'est pas "déçus", on est opposés. Et combatifs. Parce que rien n'est définitif : un projet de budget n'est jamais qu'un projet qui doit être adopté par le Conseil municipal, voire par le peuple. Quand les majorités respectives du Conseil Administratif et du Conseil municipal coïncident, la décision finale est prise par le Conseil municipal. Quand elles divergent, que le Conseil administratif est à majorité de gauche et le Conseil municipal à majorité de droite (ce qui a le plus souvent été le cas ces quarante dernières années), la balle peut être au peuple -et cela, c'est la minorité du Conseil municipal (aujourd’hui, et pour encore un peu plus de quatre ans, la gauche) qui en décide. Et elle en décide en fonction du contenu du budget. Nous devons donc refuser un budget de droite, et nous préparer à lancer un référendum contre les coupes qu'il contient si elles devaient être votées par le Conseil municipal (la majorité de droite a demandé de plafonner le déficit à 49 millions). Et pour la clarté du débat, nous devrons aussi proposer une augmentation des centimes additionnels, c'est-à-dire de l'impôt municipal -un impôt progressif, que les plus modestes ne paient pas et que les riches paient en fonction de leur richesse. Après les cadeaux qu'ils ont reçu de la part du canton, ils peuvent se le permettre. Et nous, de le proposer, moins pour réduire le déficit (il suffirait de voter un centime additionnel de plus pour s'en tenir à ce que la droite a feint de demander) que pour assurer les prestations.
Que ceux qui prêchent l'austérité commencent à se l'appliquer à eux-mêmes !
Le Conseil administratif de la Ville de Genève explique que son "nouveau projet de budget est contraint par une revue à la baisse des prévisions fiscales" cantonales. Or une étude de l'Union Syndicale Suisse (https://www.uss.ch/fileadmin/redaktion/docs/dossiers/168_d-f_Kantonsfinanzen2025.pdf) venait justement de dénoncer la sous-estimation systématique des recettes telle qu'elle est pratiquée par les cantons dans l'élaboration de leurs budgets -et par ricochet, dans l'élaboration des budgets des communes, et d'abord des villes, qui n'en peuvent mais. 18 cantons ont prévu un déficit pour 2026 -et pour l'USS, et il s'agit bien là d'une stratégie de légitimation des politiques d'austérité, fondées sur des estimations dadaïstes : en 2024, les budgets cantonaux affichaient un déficit total de 1,3 milliard de francs ? Finalement, ils ont enregistré un boni de 1,1 milliard. A Genève, on annonçait un déficit de 48 millions, on a eu un boni de 541 millions -aussitôt redistribué par des baisses d'impôts pour les plus aisés. Pour 2026, 18 cantons sur 26 prévoient un déficit (de 858 millions au total, sans compter les 740 millions annoncés par le seul canton de Genève, ce qui serait son pire déficit depuis la fin du siècle dernier), mais combien finiront avec un boni ? Zoug en prévoit un de 370 millions... L'exercice consistant à annoncer une catastrophe financière pour faire pression en faveur de politiques d'austérité, de coupes dans les prestations , la Confédération et l'AVS s'y sont aussi livrées. Avec le même résultat. Ce n'est pas une maladresse, ou une erreur de calcul, c'est une volonté politique : celle de se donner le prétexte de s'attaquer aux prestations sociales, alors même que les inégalités se creusent, et que les besoins de prestations s'accroissent : à Genève, les subventions cantonales aux personnes (aides au paiement de l'assurance-maladie, prestations complémentaires, etc.) ont crû de 1,3 milliard en cinq ans...
À l’instar de la Confédération, les cantons minimisent leur budget pour justifier des programmes de réduction, voire de suppression de prestations. Après avoir procédé, à une distribution de cadeaux fiscaux aux hauts revenus et aux grosses fortunes, des cadeaux qui ont fait perdre des centaines de millions, et sans doute des milliards au total, aux collectivités publiques (le canton de Genève a plombé son budget de 326 millions de recettes en moins, et prévoit un déficit augmenté de 340 millions par rapport aux premières prévisions). L'USS appelle les cantons à évaluer leurs recettes futures "de manière honnête et réaliste" -mais c'est prêcher dans le désert, puisque c'est précisément les évaluer de manière malhonnête et irréaliste qui permet ensuite de couper dans les dépenses sociales, culturelles et environnementales...
Cette pratique systématique illustre la profonde divergence de conception qui sépare, oppose, la droite et la gauche. Pour la droite, il faut adapter les dépenses aux recettes. Et donc, quand on diminue les recettes (à force de cadeaux fiscaux), on doit diminuer les dépenses. A commencer par celles dont la droite n'a jamais voulu, qu'elle n'a jamais acceptées que contrainte et forcée par la population : les dépenses sociales. Pour la gauche, à l'inverse, il faut adapter les recettes aux dépenses, et donc augmenter les recettes quand les dépenses s'accroissent du fait des inégalités, de la précarisation, de la dégradation de l'environnement. Et augmenter les recettes, c'est, forcément, augmenter les impôts -les impôts progressifs sur les revenus et les fortunes, puisque ce sont les seuls qui tiennent compte de la situation réelle des contribuables. En ville, une augmentation des centimes additionnels est donc légitime, non pour équilibrer le budget, mais pour financer les prestations et les actions de la Ville. Pour financer les allocations de rentrée scolaire, la création de places de crèche, les allocations complémentaires municipales, l'aménagement du cadre de vie, la végétalisation de la ville, le soutien aux cultures émergentes. Ce n'est pas une mesure comptable, c'est donner à la Ville les moyens d'une politique sociale, environnementale, culturelle digne de ce nom. Ces moyens, ceux de maintenir ses prestations et de respecter les engagements qu'elle a pris avec son personnel, la Ville les a, avec un budget de presque 1,4 milliard. qui lui permet, si elle en fait le choix, de ne pas faire payer à sa population les errances fiscales du canton.
Et que ceux qui prêchent l'austérité commencent donc à se l'appliquer à eux-mêmes !



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