Brèves de comptoir
«La langue anglaise n'existe pas, ce n'est que du français mal pronon-cé» disait Clémenceau (qui connais-sait fort bien les deux langues). Lorsque les franco-normands enva-hirent l'Angleterre en 1066 (mais ni l'Ecosse, ni le Pays de Galles) puis la conquièrent, on parlait brittonique (celtique) ou saxon (germanique), en Angleterre. Les franco-normands, eux, parlaient le français de l'épo-que, encore mâti-né de francique (un patois germanique un peu latinisé). Et imposèrent ce français comme langue de l'administration, du droit, de la culture -tandis que le peuple, lui, continuait de parler sa langue saxonne ou bretonne. Résultat: en anglais, aujourd'hui, un porc vi-vant se dit «pig» mais sa viande se dit «pork», un boeuf vivant «ox» et sa viande «beef». Et dans l'anglais d'aujourd'hui (l'anglais, pas l'américain), on trouve 80'000 mots français ou d'origine française. Avec une foultitude de «faux amis» L'éviden-ce française est une preuve anglaise, la lecture française une conférence anglaise. Et puis, des mots anglais (ou américains) tout récents sont des enfants naturels de mots français anciens: le shop vient de l'échoppe, le sport du desport (divertissement), la nurse de la nourrice... Et Trump de... ah non, ça vient pas du français, ça vient de l'allemand (honni soit qui mal y pense).
A la mi-novembre, Grand Conseil genevois a voté une vieille proposition de l'UDC, déposée en 2021, amendée par une députée PLR, interdisant aux membres des parle-ments genevois (le Grand Conseil et les Conseils municipaux) de porter des «signes religieux ostentatoires» dans le cadre de leurs fonction (la proposition initiale étendait l'interdition aux écoles primaires et secondaires). A Genève, l'Etat (le canton et les com-munes) est laïque mais, comme l'a rappelé la Conseillère d'Etat Carole-Anne Kast, les élus au Grand Conseil et dans les conseils municipaux ne représentent pas l'Etat mais le peuple. Et la laïcité ne s'impose pas au peuple mais garantit la liberté de croyance sans interdire de la manifester. Les élues et les élus dans les parlements peuvent donc porter kippa ou une croix sans contrevenir à la laïcité. Un raisonnement inaudible à une majorité de droite (UDC, MCG, PLR, Le Centre), alors même que la Chambre constitutionnelle cantonale avait confirmé que «les parlementai-res n'ont pas vocation à représenter l'Etat mais la société et son plu-ralisme», y compris le pluralisme reli-gieux. Ce qui permettait à un parti (le PDC) de proclamer sa christianité dans son nom...avant d'en changer... Le vote de la motion UDC amendée par le PLR, et qui modifierait la Constitution, va donc vraisemblable-ment se retrouver devant la Justice, cantonale d'abord, fédérale ensuite. Et devant le parlement fédéral, qui doit donner aux cantons sa garantie qu' une modification de leur constitution est compatible avec la Constitution fédérale. On n'a pas fini de rigoler.
Depuis des années, la droite genevoise à accordé des cadeaux fiscaux aux plus hauts revenus, aux plus grosses fortu-nes, aux plus grosses entreprises. Et le PLR et l'UDC ont proposé de nou-veaux cadeaux au Grand Conseil : des déductions fiscales sur les cotisations de l'épargne vieillesse volontaire que ne s'offrent que celles et ceux qui en ont les moyens, et une augmentation de la déduction fiscale possible des frais liés à la maladie et aux ac-cidents. Mais, miracle!, deux partis qui avaient accepté les cadeaux fiscaux précédents, le Centre et LJS, ont trou-vé qu'il ne fallait pas exagérer et ont refusé ceux-là. La raison reprendrait le dessus sur le réflexe? Peut-être. Mais un peu tard quand même...


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