Brèves de comptoir

 Plus d'un milliard de messages s'échangent chaque jour sur ChatGPT, soit l'équivalent de la consommation d'électricité de 27'000 ménages. A quoi il faut évidemment ajouter ce que pèse la consommation de toutes les autres IA. Et les besoins des centres de données qui hébergent les IA devraient augmenter de 160 à 200 % dans les cinq ans à venir à l'échelle mondiale. Pour la Suisse, la consommation annuelle des centres de calcul représentaient 3,6 % de la consommation d'électricité en 2019. Un seul centre de calcul, l'Alps de Lugano (l'un des dix plus puissants ordinateurs du monde) consomme, à plein régime, l'équivalent de ce que consomment 5000 personnes. Selon l'Association des entreprises électriques suisses, la consommation d'électricité de la Suisse augmentera de 50 % dans les cinq ans à venir en raison notamment de la numérisation (qui implique l'électrification) de l'économie suisse. L'augmentation mondiale de la consommation d'électricité devrait quant à elle doubler. Quant à l'impact sur le réchauffement climatique, les émissions de CO2 ont augmenté de 50 % entre 2019 et 2024 chez Google, de 29 % entre 2020 et 2024 chez Microsoft.  Chinoise ou américaine, l'IA est une calamité environnementale. Le numérique, c'est pas du virtuel, c'est du matériel, du gras, du lourd. L'IA, c'est évidemment des logiciels et des algorithmes, mais c'est surtout des centres de données, de l'énergie fossile, de l'eau, des produits chimiques, des métaux lourds et tout ce qu'il faut pour les extraire. C'est des millions de tonnes de pétrole, de déchets, de liquides toxiques, de CO2 relâchés dans l'atmosphère, des espaces gigantesques de déforestations.  Et tout cela vaut pour tout ce qui relève du numérique. Pour produire un smartphone, il faut extraire et traiter des matières premières pour 500 fois son poids. Pour une puce électronique, c'est 16'000 fois son poids. Et ce genre de rapports s'applique à la production des ordinateurs, des télévisions, des tablettes, des consoles de jeu, des drones, des caméras, des écrans et de tous les objets connectés. Et on vous écrit ça en le tapant sur un ordinateur et en l'envoyant par internet. Le biologiste Robert Brooks et la philosophe Rachel Brown soutiennent que les portables et les réseaux sociaux, c'est rien que des parasites. Ils veulent pas vous faire du mal, l'IA non plus, ils veulent seulement s'installer chez vous, dans vous pour se reproduire, croître et se multiplier. Et nous réduire à n'être plus que leur instrument. Mais un instrument qui croit que ce sont ceux qui les instrumentalise qui sont ses instruments. Bref, ils nous prennent pour des cons. Même que, des fois, on se demande s'ils n'ont pas raison, quand ils nous font croire (et qu'on les croit) que l'IA est inventive, alors qu'elle ne fait que puiser dans les bases de données existantes. Et que nous lui déléguons notre capacité de réflexion. Mais c'est vrai que c'est pratique, l'IA : ça se plaint jamais, ça fait jamais grève, ça prend jamais de vacance, ça demande jamais d'augmentation, ni de pause café, ni de pouvoir aller pisser. Un rêve de patron.

En 2024, le nombre de morts sur les routes suisses (250) a augmenté de 34% par rapport à 2023. C'est un record européen (la moyenne européenne est en diminution de 12%). A quoi cette triste performance est-elle due? Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), à plusieurs décisions parlemen-taires : l'abaissement de l'âge minimal pour conduire une moto, ce qui a conduit à doubler le nombre d'accidents graves chez les moins de 18 ans, le rejet de l'obligation pour les enfants de porter un casque à vélo. 250 personnes ont été tuées sur les routes suisses en 2024. Victimes d'accidents, et de décisions politiques imbéciles et irresponsables. Les auteurs d'accidents peuvent être condamnés. Les auteurs de conneries politiques, jamais. 

La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné l'Estonie pour avoir interdit de fumer dans les prisons. Les détenus qui avaient saisi la Cour évoquaient les symp-tômes du sevrage forcé (prise de poids, troubles du sommeil, dépres-sion, anxiété), s'ajoutant à ceux liés à l'emprisonnement en tant que tel. La Cour a conclu que «dans un contexte d'autonomie personnelle déjà restreinte», la liberté de fumer (ou non) est «d'autant plus précieuse». Une prison, c'est pas une terrasse de bistrot, quand on y est, on peut pas s'en éloigner pour fumer sa clope. Fallait bien qu'une Cour européenne l'explique... 

Le 30 novembre, à Genève, on devait voter sur une modification de la loi sur l'ouverture des magasins, auto-risant leur ouverture trois dimanche par an et le 31 décembre. Mais le Conseil d'Etat a annulé le scrutin au prétexte d'une décision du Tribunal fédéral jugeant la loi actuelle illégale. Le vote  aura tout de même lieu puisque le bulletin de vote le com-portera mais sera sans conséquence puisque le Con-seil d'Etat a décidé de ne pas le dépouiller. Un vote pour beurre. «La votation était devenue illisible», soupire la Conseillère d'Etat Delphine Bachmann. La votation, non, son enjeu était clair. Et on prend les citoyennes et les citoyennes pour des imbéciles incapables de saisir les enjeux de leurs votes. Puisque le bulletin de vote qu'on a reçu contient la question portant sur l'ouverture dominicale des magasins, on vous invite à y répondre quand même, et à y répondre «non», pour le principe.

L'initiative «pour l'avenir» de la Jeunesse socialiste, qui smait la panique à droite, n'aurait touché en réalité que 2500 contribuables, héritiers de successions dépassant les 50 millions de francs, un dépasse-ment que l'initiative proposait de taxer à 50 % pour financer la lutte contre le dérèglement climatique. Et elles vivent où, ces malheureuses victimes de la haine des riches et des héritages ? Pour un tiers d'entre eux, dans l'arc lémanique (400 à Genève, 300 dans le canton de Vaud). En pourcentage de la population, c'est Nidwald qui en abrite le plus (2,2 pour mille habitants), devant Zoug et Schwytz (autour de 19 %o). En chiffres absolus on retrouve Genève, Vaud et Zurich en tête des havres à super-riches. Et Argovie, Fribourg, le Jura et Neuchâtel où il y en a le moins. Allez vous étonner après ça que dans le Jura, on élise un gou-vernement à majorité socialiste...


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