Brèves de comptoir

On était content, au soir des élections municipales du printemps dernier, d'avoir gagné une majorité de gauche (PS-Verts) au Conseil municipal  du Grand Saconnex. Bon, ça compensait pas la perte de la majorité en Ville de Genève, et elle ne tenait qu'à un siège, cette majorité, mais ça consolait un peu. Et puis patatras, une élue verte se retrouvait en tôle dans le cadre d'une affaire de trafic de drogue impliquant onze personnes, dont elle. Et comme elle n'avait pas eu le temps de prêter serment avant de se retrouver en zonzon, elle ne pouvait pas être remplacée par un.e suppléant.e, parce que le règlement du Conseil municipal ne permet que le remplacement d'un.e élu.e titulaire, et donc assermenté.e. Son parti l'ayant exclue, elle aurait pu continuer à siéger comme indépen-dante, et donc voter, et sauver la majorité de gauche, sauf qu'elle a recouru contre son exclusion parce qu'elle avait été prononcée en son absence (forcé-ment, elle était au gnouf) ce qui est contraire aux statuts du parti. Elle eurait pu démissionner et être remplacée par un.e vient-ensuite, mais elle refuse parcequ'elle clame son innocence. On résume : on a une conseillère municipale verte élue mais non assermentée, qui ne peut pas siéger parce qu'elle est en prison et qu'elle n'a pas prêté serment, ne peut pas être remplacée par un.e suppléant.e parce qu'elle n'a pas prêté serment, ne peut pas siéger comme indépen-dante parce qu'elle n'a pas été exclue de son parti conformément à ses statuts, ne peut pas être remplacée par un.e vient ensuite de la liste, parce qu'elle refuse de démissionner et ne peut pas être révoquée parce qu'aucune disposition légale ne permet de révoquer un.e conseiller.e municipal.e (ce dont on s'est félicité pendant seize ans). Au bout du compte, on se retrouve donc au Conseil municipal du Grand Sac' avec un siège vide, une situation vide de sens et une jolie Genferei de derrière les fagots. 

C'est toujours un beau jour que celui où on sort de prison. Même quand on n'y passé que vingt jours, comme Nicolas Sarkozy, qui  quitté la Santé le 10 novembre., libéré sous contrôle ju-diciaire (même le Parquet l'avait pro-posé) avec interdiction de quitter le territoire français et d'entrer en contact avec des témoins-clefs dans l'affaire (le financement de sa campagne électorale par la Libye) qui l'a conduit en zonzon après une condamnation en première instance à cinq ans ferme, ou de hauts respon-sables judiciaires comme le Ministre de la Justice Gérald Darmanin qui lui avait carrément rendu visite en prison. La prison, «c'est dur, c'est très dur» avait soupiré Sarkozy. Belle découverte. Pourtant, Nico n'y était pas traité comme le détenu lambda. Déjà que recevoir la visite du Ministre de la Justice et être finalement libéré sur proposition du procureur, c'est pas vraiment la norme en France, mais avoir droit à une cellule pour soi seul et à mille petites intentions, la dureté de la prison s'amollit un peu. Alors, hein, quand Sarko qui n'a passé que vingt jours en prison se compare carrément à Alfred Dreyfus, qui y a passé cinq ans dont quatre sur l'Île du Diable du bagne de Cayenne, ou s'identifie à Edmond Dantès, quand ce n'est pas carrément à Jesus, et a commencé en prison  à écrire un livre sur sa détention (il n'aura pas eu le temps de le terminer avant d'être libéré) on s'autorisera à ricaner doucement. 

Le 31 mars dernier, le Conseil d'administration des Hôpitaux universitaires de Genève, les HUG, a validé un accord avec les syn-dicats, qui permettra à 170 membres du personnel de nettoyage d'obtenir un poste à plein-temps s'ils, et le plus souvent elles, le souhaitent, et, surtout, qui engage l'internalisation complète du personnel de nettoyage des HUG, aujourd'hui largement confié à des sociétés privées, avec qui les contrats passés par les HUG seront dénoncés pour janvier pro-chain. Les syndicats se félicitent: «L'hôpital qui soigne la population doit aussi prendre soin de son propre personnel». Et on se félicite avec eux d'une décision qui suit une décision plus ancienne de la Ville de Genève, de réinternaliser progressivement le personnel de nettoyage de ses propres locaux. Une décision qu'on avait arrachée au Conseil municipal, contre la droite (alors minoritaire). On aime bien quand la commune est précurseure... 

La Commission des finances du Conseil des États a décidé de sup-primer le financement du lance-ment du train de nuit à destination de Copenhague et de Malmö. Et ce, avant même que le train ait effectué un seul trajet et alors que les CFF ont déjà commencé la vente des billets. C'est évidemment complète-ment stupide, mais en plus, c'est irresponsable: Le développement du trafic ferroviaire international est indispensable pour réduire le trafic aérien sur des distances qui peuvent être parcourues confortablement en train. Mais faut pas trop en deman-der à la majorité du parlement suisse (aux majorités parlementaires cantonales non plus, d'ailleurs), elle est capable de prendre l'avion pour se rendre de son canton à Berne...

Comme Thierry Apothéloz et Christo Ivanov, les partisans de la con-struction d'une nouvelle patinoire à Genève sont «soulagés», et comme Philippe de Rougemont, on est déçus : il n'y aura pas de référendum contre le crédit de construction de 275,5 millions, parce que personne n'a pris l'initiative de le lancer. Ben fallait y'aller, toi, alors, nous dira-t-on. Ouais, ben on bat notre coulpe, c'est tout ce qu'on peut encore faire...




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