Budget de la Ville de Genève et grève de son personnel : Un contrat, ça se respecte!

Jeudi, le personnel de la fonction publique de la Ville de Genève fera grève. Mardi dernier, plusieurs centaines de ses membres se sont rassemblés devant l'Hôtel de Ville pour accueillir les Conseillers municipaux qui allaient y tenir séance, puis tenir eux-mêmes une assemblée générale pour confirmer le préavis de grève. Pour le personnel, municipal, il s'agit de répondre comme il se doit, et comme il en a le droit, au deuxième projet de budget déposé par le Conseil administratif (à majorité de gauche) après que la droite coagulée, majoritaire au Conseil municipal, ait refusé le premier. Or le deuxième projet aggrave le premier, en gelant pour économiser 8,2 millions de francs les mécanismes salariaux prévus par le statut du personnel,  ainsi que le repourvoi de 55 postes vacants et en reportant les remplacements lors de départs, pour économiser six millions de plus. Au total : 14,2 millions (même pas la valeur d'un centime additionnel d'impôt communal) seraient "économisés" sur le dos du personnel -et du fonctionnement de services publics comme la Voirie, les espaces verts, la petite enfance, déjà en sous-effectifs. Les prestations de la Ville, ses engagements, ses actions, ce sont des femmes et des hommes qui ont pour tâche de les rendre réels pour la population. Et ces hommes et ces femmes ont, par leurs représentants, passé un contrat (le statut du personnel) avec leur employeur -la Ville. Or un contrat, on le respecte ou on le renégocie, on ne s’assoit pas dessus. 

Un contre-pouvoir au canton et à la droite cantonale. 

Les employés de la Ville feront donc grève jeudi pour défendre leurs droits. Et nous avons à les soutenir et à soutenir leur grève, parce qu'en défendant leurs droits, et le contrat passé avec la Ville par le statut du personnel, ils défendent aussi les prestations de la Ville à la population. Et qu'il y a d'autres moyens de réduire le déficit de la commune que réduire ses engagements envers ses habitants et ses employés. Le 28 septembre dernier, les "lois corsets" qui avaient pour fonction d'étrangler financièrement les services publics ont été rejetées par le corps électoral actif. C'est un message : les prestations publiques doivent être défendues, comme les conditions de travail et de salaire de celles et ceux qui, sur le terrain les assurent et dans l'administration rendent possible de les assurer. Ce vote populaire fut une bonne chose. Mais il ne suffit pas : il faut le confirmer dans les choix budgétaires des partis qui appelaient à refuser les "lois corset", et si possible les décisions des parlements où siègent leurs représentants.

Nous avons à soutenir la grève du personnel de la Ville de Genève; 

nous avons à rétablir dans le projet de budget qui sera finalement soumis au Conseil municipal tout ce qui en a été biffé : les mécanismes salariaux, les engagements, l'entier des subventions; 

nous avons à soutenir la poursuite de l'internalisation du nettoyage des locaux de la Ville et de la municipalisation du secteur de la petite enfance, et à nous opposer à toute externalisation de tâches municipales;

nous avons à proposer une augmentation du centime additionnel communal pour réduire le déficit à ce qui est légalement acceptable. Et pour rétablir par l'impôt communal ce qui a été perdu par l'impôt cantonal. Parce que les besoins explosent au fur et à mesure que les inégalités se renforcent et que la précarité s'accroît. 

Et si nous n'y arrivons pas avant le vote final du Conseil municipal, nous aurons à lancer un référendum contre le budget d'austérité que le Conseil aura accepté. Parce que le déficit de ce budget, ce ne sont ni les employés de la Ville, ni les acteurs culturels et sociaux subventionnés, ni les bénéficiaires des prestations de la Ville, celles et ceux qui ont droit aux allocations municipales de rentrée scolaire, ou aux allocations complémentaires aux allocations cantonales, qui en sont coupables Les coupables du déficit budgétaire municipal sont les mêmes que ceux du déficit budgétaire cantonal : les organisations patronales, les partis de droite, les auteurs des cadeaux fiscaux accordés aux plus aisés et qui affirmaient que ces cadeaux n'allaient rien coûter à personne. 

Proposer un centime additionnel de plus, compenser par l'impôt municipal les pertes sur l'impôt cantonal, c'est poser directement au corps électoral de la Ville un choix clair : faire payer à eux qui le peuvent un petit peu plus d'impôt (l'impôt municipal est progressif : les plus riches le paient en raison de leur richesse...) ou réduire les prestations dont les moins riches ont grand besoin pour surnager socialement.  Ce qui serait s'inscrire dans une tradition bien ancrée et bien suisse :  celle de réduire les recettes, réelles ou possibles, des collectivités publiques pour pouvoir ensuite réduire, ou à tout le moins ne pas renforcer leurs prestations, même quand la réalité l'exigerait (on se reportera avec grande utilité à ce sujet à l'entretien paru dans "Pages de gauche" avec la spécialiste de la politique fiscale suisse, Aniko Fehr : https://pagesdegauche.ch/lart-de-vider-les-caisses-entretien-avec-aniko-fehr)

Bref, nous avons à assumer réellement, complètement, ouvertement le vieux rôle de la commune et de la gauche municipale, un rôle qu'elles ont souvent assumé : celui d'un contre-pouvoir au canton et à la droite cantonale. 

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